Une ex-comptable charge Sarkozy et Woerth

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Cette comptable affirme qu’Eric Woerth aurait reçu 150.000 euros en 2007. L’Elysée dément.

Claire Thibout a d'abord parlé aux policiers, lundi, avant d'accorder une interview au site d'information Mediapart. Un entretien explosif dans lequel celle qui a été la comptable d'André et Liliane Bettencourt pendant douze ans affirme que le couple de milliardaires a régulièrement financé, via des enveloppes contenant des espèces, des personnalités de la droite française, dont le président de la République Nicolas Sarkozy.

La comptable a quitté son poste en novembre 2008. Elle était alors en désaccord avec Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, et avec François-Marie Banier, l'ami de la milliardaire accusé d'abus de faiblesse par ailleurs.

Le rendez-vous du 26 mars 2007

La scène la plus sensible qu'elle a racontée aux policiers remonte au 26 mars 2007. Ce jour-là, Eric Woerth, alors trésorier de l'UMP, se serait vu remettre par Patrice de Maistre la somme de 150.000 euros destinée à financer la campagne présidentielle du candidat Sarkozy.

Claire Thibout précise n'avoir retiré que 50.000 euros en espèce, comme le lui permettait son accès autorisé, une somme remise "à Liliane Bettencourt, qui, dit-elle, a ensuite donné l'enveloppe à Patrice de Maistre, devant moi". Les 100.000 autres euros auraient été sortis d'un compte en Suisse à l'initiative de Patrice de Maistre. "Ensuite, il m'a dit qu'il allait très vite dîner avec Eric Woerth afin de lui remettre, discrètement comme il m'a dit, les 150.000 euros. Et le dîner a bien eu lieu très rapidement... ".

Problème : la somme de 150.000 euros est largement au-delà du maximum de dons autorisés par la loi sur le financement des partis politiques qui est de 7.500 euros par an pour un parti et de 4.600 euros pour un candidat à une élection. Tout don en espèces personnel de plus de 150 euros est prohibé.

Nicolas Sarkozy visé

L'ancienne comptable n'a pas assisté à ces remises d'argent en personne. "Mais ma cliente était chargée de retirer des espèces. Elle avait à ce titre connaissance des destinataires de ces espères", a argumenté son avocat, Me Antoine Gillot, sur Europe 1.

Dans l’entretien à Mediapart, Claire Thibout affirme aussi que Nicolas Sarkozy, quand il était maire de Neuilly, de 1983 à 2002, "un habitué" de la table des Bettencourt, "recevait aussi son enveloppe". "Tout le monde savait dans la maison que Sarkozy aussi allait voir les Bettencourt pour récupérer de l'argent", souligne-t-elle. Des affirmations aussitôt démenties par l’Elysée, mardi matin, puis par le président de la République en personne.

"Les policiers pourront vérifier mes dires"

"Si Liliane Bettencourt leur donne les carnets de caisse (rendus au moment de son départ fin 2008, NDLR), les policiers pourront vérifier mes dires", affirme l’ex-comptable.

Des carnets de caisse qui sont désormais activement recherchés par les enquêteurs, a confirmé mardi le parquet de Nanterre. D'autres vérifications sont en cours et des auditions sont à prévoir, a indiqué le parquet.

De Maistre entendu par les enquêteurs

Patrice de Maistre a été entendu mardi après-midi par la police. Il avait déjà été auditionné le 30 juin dernier. Son avocat a assuré qu'il s'agissait d'une procédure de "pure forme". Il a annoncé au passage que son client pourrait "engager des poursuites".