Un élu UMP accusé de complot sexuel

Un sénateur de Moselle, Jean-Louis Masson (non inscrit, ex-UMP), a en effet rendu public mardi ce document audio, dans lequel un autre sénateur de ce département, François Grosdidier (UMP), suggère de le piéger" avec une mineure" au Maroc.
Un sénateur de Moselle, Jean-Louis Masson (non inscrit, ex-UMP), a en effet rendu public mardi ce document audio, dans lequel un autre sénateur de ce département, François Grosdidier (UMP), suggère de le piéger" avec une mineure" au Maroc. © Arnaud Beinat/MaxPPP
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Un enregistrement relate une conversation où François Grosdidier tient des propos équivoques.

"Le seul truc, c'est de le faire couler avec une mineure dans un pays, y'a que ça." Ce n'est pas la tirade d'un film de mafia, mais celle d'un enregistrement sonore, rendu public mardi par le site Marianne2.fr, relatant une conversation  entre deux hommes, dont un élu UMP.

Un sénateur de Moselle, Jean-Louis Masson (non inscrit, ex-UMP), a en effet rendu public mardi ce document audio, dans lequel un autre sénateur de ce département, François Grosdidier (UMP), suggère de le piéger" avec une mineure" au Maroc. "Cet enregistrement relate une blague de collégien", assure de son côté François Grosdidier. Il soutient qu'il faisait marcher son interlocuteur et soupçonne un complot.

"Une pépé, je sais pas combien ça coûte"

Dans cet enregistrement, on entend François Grosdidier discuter avec un interlocuteur non identifié. Et ils semblent s'interroger sur la manière de se débarrasser de Jean-Louis Masson, qui leur poserait problème sur la scène politique locale.

"Au Maroc il se fera piéger comme un lapin", lance l'interlocuteur anonyme. "Dès que ça pète, moi je préviens le secrétaire d'Etat à l'Intérieur en lui disant: 'Ecoutez, ne le protégez pas, c'est le plus foireux des hommes politiques français'", poursuit alors François Grosdidier. "On a déjà parlé, on trouve personne. Tout le monde a peur", lui rétorque l'autre protagoniste. "Y a que ça, répond François Grosdidier, il faut monter un coup de là-haut."  "Moi je te donne des sous. Cependant, une pépé, je sais pas combien ça coûte", résume l'interlocuteur.

"J'en riais après son départ"

François Grosdidier soutient que l'enregistrement était un "assemblage de bribes d'une conversation plus longue, de trois ou quatre heures", et a expliqué avoir tenu ces propos pour voir jusqu'où pouvait aller le "délire" de son interlocuteur.

"Il y a un ou deux ans, j'ai été contacté par un certain Sébastien Faizant, qui se présentait comme un expert financier. Il a tout fait pour gagner ma confiance et me parlait avec insistance de mon conflit avec Jean-Louis Masson. Sa mythomanie transperçait", a déclaré François Grosdidier.

"Il me faisait des propositions délirantes pour compromettre Monsieur Masson. Je me suis laissé aller à son truc et j'ai poussé la conversation en m'amusant pour voir jusqu'où irait son délire. Cette affaire est une blague de collégiens", martèle-t-il. "J'en riais après son départ" ajoute même le sénateur, contacté mardi par France3.

"Il est permis de se demander si Monsieur Masson n'a pas commandité Sébastien Faizant, finalement plus manipulateur que mythomane", soupçonne François Grosdidier.

Masson et Grosdidier portent plainte l'un contre l'autre

Résultat de ce règlement de comptes : Jean-Louis Masson porte plainte pour association de malfaiteurs, tandis que François Grosdidier a déposé plainte contre son collègue pour dénonciation calomnieuse, manipulation et association de malfaiteurs.

Jean-Louis Masson a affirmé mardi s'être vu remettre l'enregistrement audio par un chef d'entreprise, dont il ne connaît pas le nom, qui l'avait contacté en 2010 et 2011 pour l'inviter au Maroc. "Quelques mois plus tard, le même homme m'a rappelé. Il m'a dit que Grosdidier lui avait fait un enfant dans le dos, m'expliquait pourquoi il m'avait invité au Maroc; puis m'a remis la bande", a-t-il raconté.

Les inimitiés entre les deux parlementaires, qui se sont déjà poursuivis à plusieurs reprises devant les tribunaux depuis une vingtaine d'années, se sont accélérées ces dernières semaines, après que François Grosdidier, également maire de Woippy (Moselle), a été mis en cause dans un dossier concernant un système illicite de captation des marchés publics.

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