Un duel télévisé, deux méthodes

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Fabienne Cosnay , modifié à
François Hollande ne devrait pas prendre de risques. Nicolas Sarkozy, lui, n'a plus rien à perdre.

Pour Nicolas Sarkozy, le traditionnel débat d'entre-deux-tours, mercredi soir, prend des allures de combat de la dernière chance. "Important mais pas décisif", relativise de son côté François Hollande. Les deux finalistes à la présidentielle, qui n'ont pas débattu l'un contre l'autre depuis 2005, devraient adopter des stratégies bien différentes.

François Hollande, porté par des sondages qui le placent largement en tête au deuxième tour (54% contre 46% pour Nicolas Sarkozy, selon un sondage Ifop-Fiducial diffusé mardi), devrait opter pour la stratégie zéro risque. "Le candidat socialiste a tout intérêt à apaiser le débat, à faire de sa victoire, le 6 mai prochain, une évidence. Quelque part, il doit démontrer qu'il est déjà le président", analyse Christian Delporte, interrogé par Europe1.fr. "C'est ce qu'avait réussi à faire François Mitterrand face au président sortant Valéry Giscard d'Estaing en 1981", souligne l'expert.

Sarkozy entend bousculer Hollande

A l'inverse, Nicolas Sarkozy joue sa dernière carte avec ce débat de 2h30. "Il va montrer de la combativité, de la pugnacité, au risque de paraître agressif", pronostique l'historien des médias. Dans l'entourage du président-candidat, on n'hésite pas, d'ailleurs à surestimer, la portée du duel télévisé. La porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, s'est déclarée persuadée qu'il pouvait changer la donne au profit de Nicolas Sarkozy.

Le président sortant entend déstabiliser François Hollande sur les questions liées à l'immigration et la politique étrangère, thèmes sur lesquels le candidat socialiste est jugé moins crédible par l'UMP. Nicolas Sarkozy entend aussi bousculer le tempérament supposé de son adversaire : "Il va falloir que François Hollande fasse ce qu'il déteste : être franc", a confié le président sortant, sur i>Télé.

"Ce n'est pas un matche de boxe"

Du côté de François Hollande, on affiche une certaine sérénité. Mardi, à Nevers, le candidat socialiste a confié s'attendre à un rendez-vous "rugueux", envisagé néanmoins avec "confiance". "Ce n'est pas un matche de boxe, de lutte, je ne suis pas dans ce type de comportement", a-t-il assuré à des journalistes en marge de son déplacement.

Même s'il ne compte pas "boxer", François Hollande n'entend pas pour autant être mis au tapis par Nicolas Sarkozy. "François est un très bon débatteur, il a bien l’intention de l’emporter", confiait dimanche au JDDsa "plume", Aquilino Morelle.

"Sarkozy ne parle pas, il plaide"

Le candidat socialiste connaît bien son adversaire pour l'avoir côtoyé à plusieurs reprises sur des plateaux télévisés. En restent quelques " amabilités", comme en 1999, sur le plateau de TF1. "Il est gentil au début. Et après ça tourne mal", avait ironisé Nicolas Sarkozy. Ce à quoi François Hollande avait rétorqué, "Vous ne l’êtes ni au début, ni à la fin".

"J'ai gardé de ces échanges le souvenir d'un homme énergique et vif, rempli d'une certitude. La sienne !", écrit François Hollande dans son livre Changer de destin, sorti en février. "Nicolas Sarkozy ne parle pas, il plaide. C'est une rhétorique de l'évidence", analyse le député de Corrèze. Deux personnalités, deux méthodes et une obsession commune : convaincre les millions de spectateurs à qui ils ont donné rendez-vous mercredi à 21h.