Un discours à haut risque pour Hollande face aux maires de France

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Le président de la République clôturera jeudi soir le Congrès de l’AMF. Face à une assistance qui ne lui fera pas de cadeaux. 

Pour un président de la République ou un Premier ministre en exercice, se présenter devant le Congrès des maires de France est toujours un exercice difficile. Nicolas Sarkozy et François Fillon peuvent en témoigner. Mais pour François Hollande, qui clôturera d’un discours l’événement jeudi soir à Paris, l’exercice s’annonce plus compliqué que jamais. Dans un contexte de tension sociale inédite, alors que les dotations de l’Etat aux communes ont sensiblement baissé ces dernières années, le chef de l’Etat se sait attendu de pied ferme, d’autant que le congrès qui s'ouvre lundi pourte de Versailles est le dernier avant la présidentielle de 2017. Alors il pourrait bien sortir une bonne nouvelle de sa poche.

  • Baroin donne le ton

François Baroin, maire de Troyes et président de l’AMF depuis 2014, n’a d’ailleurs pas caché que le président de la République était attendu sur le sujet qui fâche du moment. "J'appelle le président de la République à mettre un terme à la baisse des dotations de l'État engagée depuis 2014", a lancé l’ancien ministre du Budget samedi dans Le Monde. "Les associations d'élus sont unanimes pour réclamer la suppression de la troisième tranche de réduction, qui s'élève à 3,7 milliards d'euros pour 2017, car l'effort demandé par le gouvernement est disproportionné et n'est pas tenable", a-t-il argumenté.

  • Une assemblée coutumière  des sifflets

L’ambiance s’annonce d’autant plus électrique que les maires sont coutumiers des sifflets. Il y a toujours, dans l’actualité, un sujet qui provoque la colère les édiles, et quelle meilleure occasion d’avoir l’une des deux têtes de l’exécutif à la tribune pour le faire savoir ?

En 2008, le Service minimum d’accueil (SMA), voulu par Nicolas Sarkozy et porté par François Fillon avait valu au Premier ministre de l’époque une mémorable bordée de sifflets.

(A partir de 14’’)


Congrès des maires 2008, épisode 1par lagazettefr

En 2009, c’est la suppression de la taxe professionnelle qui cristallisait les critiques. Nouvelle apparition et nouveaux sifflets pour François Fillon.


François Fillon hué au congrès des maires de...par LeNouvelObservateur

La gauche y a également eu droit. En 2013, c’est Jean-Marc Ayrault qui a payé d’une bronca la polémique alors en vigueur sur la réforme des rythmes scolaires.

Les maires de France sont donc volontiers frondeurs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les présidents de la République se font rares et qu’ils envoient au front le chef du gouvernement. Un chef de l’Etat sifflé, cela fait mauvais effet. Et davantage encore face aux maires, qui sont les élus les plus populaires de la nation. C’est pourquoi Nicolas Sarkozy avait zappé le rendez-vous en 2008 et 2009, puis en 2011, comme François Hollande, absent depuis 2013. Mais cette fois, la présidentielle approche, et le chef de l’Etat ne peut plus se défiler.

  • Hollande ne viendra pas les mains vides

Bien conscient de l’image désastreuse qu’il offrirait s’il était sifflé, François hollande a préparé le terrain. Ses conseillers ont laissé entendre dans le Journal du Dimanche qu’ils pourraient mettre de l’eau dans son vin sur le délicat sujet des dotations. Selon le JDD, deux options sont sur la table. D’abord, un lissage sur deux ans, et non plus sur un, de la dernière baisse prévue d’un montant de 3,67 milliards d’euros. Ou bien une baisse pure et simple de l’effort demandé aux collectivités territoriales, qui serait ramené à deux milliards d’euros, contre l’avis de Bercy, en charge des finances de l’Etat.

Reste à savoir d’une part quelle solution sera annoncée par le président de la République jeudi soir devant les quelque 3.000 maires présents porte de Versailles. Et d’autre part si cela suffira à apaiser les édiles et à transformer les sifflets attendus en ovation.