Un an avant l'élection, le temps du désamour entre les Français et le président

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Margaux Baralon , modifié à
HISTOIRE DE COURBES - L'impopularité de François Hollande un an avant la présidentielle atteint des records. A la même période, plusieurs de ses prédécesseurs connaissaient aussi des difficultés. 

Ce sont les deux courbes du quinquennat qui fragilisent le plus François HolHollande. D'un côté, celle du chômage, qui refuse obstinément de baisser. De l'autre, celle de la popularité qui suit la trajectoire inverse et crève le plancher. Selon le dernier sondage Ifop pour le JDD publié dimanche, seuls 14% des Français se disent satisfaits de l'action de François Hollande.

C'est quasiment le pire score dans les sondages Ifop de l'actuel chef de l'Etat, qui n'était descendu au-dessous (13%) qu'une fois, en septembre 2014. A l'époque, la rentrée avait été cauchemardesque pour le président, qui avait dû subir les attaques frontales de son ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, congédié dans la foulée, et affronter la sortie du livre de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment. Désormais, à un an de l'élection présidentielle, cette impopularité est-elle tout à fait exceptionnelle ? Avant François Hollande, d'autres présidents en exercice avaient fait les frais de mauvais sondages d'opinion, sans pour autant descendre si bas.

Sarkozy et Giscard impopulaires. Nicolas Sarkozy par exemple, en avril 2011, n'était crédité que de 28% d'opinions favorables, "son plus mauvais score", rappelle Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l'Ifop, à Europe1.fr. Quant à Valéry Giscard d'Estaing, il ne satisfaisait que la moitié des Français en avril 1980, avec 45% de sondés qui plébiscitaient sa politique. Seul Charles de Gaulle pouvait compter sur des sondages favorables, avec 54% de Français voyant son action d'un bon œil en décembre 1960.

Si François Mitterrand, en avril 1987 (56%), et Jacques Chirac, en avril 2001 (56%), conservaient toujours une certaine aura auprès de la population, leur situation n'était pas comparable. En effet, tous deux étaient en situation de cohabitation, laissant donc la difficile gestion des affaires à l'opposition, incarnée respectivement par Jacques Chirac et Lionel Jospin. "Ils étaient protégés par leur statut de cohabitant et en ont profité pour renouer avec les Français", résume Frédéric Dabi.

Une situation qui reste inédite. Néanmoins, la situation de François Hollande à un an de l'élection présidentielle reste inédite, selon le directeur de l'Ifop. Le président socialiste enregistre une popularité "deux fois moindre que celle de Nicolas Sarkozy, qui a été battu en 2012, et trois fois moins que Valéry Giscard d'Estaing, battu en 1981." Plus forte que celle de ses prédécesseurs, l'impopularité de François Hollande est également de nature différente. "Même au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy gardait le très fort soutien des sympathisants UMP [aujourd'hui Les Républicains, NDLR]", note Frédéric Dabi. "Ce n'est pas le cas de François Hollande, et c'est là sa plus grande difficulté." Le chef de l'Etat actuel s'est en effet coupé de son propre camp : 56% de sympathisants du Parti socialiste sont insatisfaits de son action.

Accélération du temps politique. Cette courbe de popularité neurasthénique s'explique en partie par la politique menée par François Hollande et les résultats qui se font attendre. Le tournant social-libéral amorcé en 2014 n'était pas prévu au programme, certaines promesses n'ont pas été tenues, comme le droit de vote des étrangers, la grande réforme fiscale ou la renégociation du traité européen, et la croissance économique reste désespérément atone. Mais le chef de l'Etat fait aussi les frais d'un contexte particulier. "On entrevoit une accélération du temps politique", explique Frédéric Diabi. "Les Français sont de plus en plus exigeants après les échecs successifs." Et se lassent de plus en plus vite. Valéry Giscard d'Estaing était certes impopulaire en 1980, mais cela faisait déjà six ans qu'il était au pouvoir. Nicolas Sarkozy avait franchi la barre des 50% d'insatisfaits en janvier 2008, soit six mois après son élection. François Hollande, lui, n'aura que quatre mois de répit. Dès septembre 2012, sa courbe de popularité était passé sous le seuil fatidique d'une moitié d'opinions positives.