UMP : menace juridique sur le triumvirat

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Le parti pensait être sorti de la crise avec l’éviction de Copé au profit du trio Raffarin-Fillon-Juppé. Mais il y a les statuts.

Nouveaux tracas en vue pour l’UMP. Le parti de la droite pensait avoir mis fin à sa crise interne en précipitant mardi matin la démission de Jean-François Copé, qui doit être remplacé le 15 juin à la tête de l’UMP par un triumvirat composé de trois anciens Premiers ministres : Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Alain Juppé. Trois personnalités incontestables et incontestées, à même de ramener le calme et la sérénité au sein d’un parti déchiré par les luttes intestines depuis la guerre des chefs de l’automne 2012. Sauf que ces trois-là ne sont pas sûr de pouvoir tenir le parti. La faute aux statuts. Comme le révèle Le Lab d’Europe 1, des cadres du parti sont sur le point de pointer du doigt des irrégularités, peut-être le 3 juin prochain lors du prochain Bureau politique du parti.

Luc Chatel aurait dû être nommé. Les statuts, ce sont ces règles qui régissent la vie d’un parti et qu’il faut bien sûr théoriquement respecter. Or, les conditions de la nomination du triumvirat va à l’encontre de plusieurs règles internes à l’UMP. D’abord, une telle solution n’est envisagée dans aucun article. Selon l’article 24-5 des statuts de l’UMP, c’est le vice-président délégué du parti qui dont en prendre les rênes en cas d’empêchement du président. C’est donc Luc Chatel, titulaire du poste, qui devrait diriger la formation en attendant le prochain congrès, prévu pour l’automne. L’ancien ministre de l’Education n’a cela dit jamais revendiqué la place.

Une réunion du bureau politique non conforme. C’est à l’issue d’un bureau politique homérique que Jean-François Copé a été contraint à jeter l’éponge mardi matin. Or, cette réunion n’a pas été conforme aux règles. D’abord parce que l’ordre du jour, un bilan des élections européennes et un rapport sur la situation financière de l’UMP, n’a pas été respecté. Le cas Copé a occupé l’essentiel des débats. Ensuite parce qu’à l’issue de ce Bureau politique, il n’y a pas eu de vote. Ce qui va à l’encontre de l’article 23-4 qui stipule que "le Bureau Politique délibère à la majorité des suffrages exprimés", comme le relève Le Lab.

Des statuts théoriquement intouchables. Et le problème pour le triumvirat, c’est qu’il leur est impossible de modifier les statuts pour légitimer leur nomination. En effet, le changement de règle est strictement encadré par… ces mêmes statuts. "Les présents statuts et la Charte des Valeurs de l’Union qui constitue le préambule des présents statuts ne peuvent être révisés que par le Congrès à la majorité absolue des suffrages exprimés", édicte l’article 56-1. Aucun changement n’est donc possible avant le Congrès de l’automne prochain.

Mais ce qui est bien avec les statuts, c’est qu’on s’en accommode. Exemple avec Jean-Pierre Raffarin qui, d’une formule aussi lapidaire qu’obscure, a balayé le problème sur son compte Twitter.

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