UMP à Paris : primaire ou guéguerre ?

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avec AFP , modifié à
Le processus doit aboutir le 10 juin mais il est déjà contesté. Gare au psychodrame.

C’est parti. Longtemps annoncée, la primaire UMP de Paris, en vue des élections municipales de 2014, est enfin sur les rails. Ce processus, qui doit prendre fin le 10 juin avec la désignation officielle du candidat, sera "transparent", a promis jeudi soir Philippe Goujon, président de la fédération UMP parisienne. Le maire du 15e arrondissement entend bien éviter tout psychodrame sur le modèle de la guerre Copé-Fillon. Mais c’est bien mal parti.

>>> Un processus déjà critiqué

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"Complexité, opacité, iniquité". Ils sont six à avoir fait acte de candidature ces dernières semaines. Et déjà la moitié d’entre eux a largement critiqué le processus. Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, Jean-François Legaret, maire du 1er et chef du groupe au Conseil de Paris et le jeune conseiller de Paris et conseiller régional Pierre-Yves Bournazel (photo), 35 ans, ont conjointement regretté dans un communiqué la complexité, l’opacité et l’iniquité qui président à la préparation" de ce processus qu'ils qualifient de "totalement fermé et même verrouillé, donc tout à fait contestable". Le conseiller régional Franck Margain, membre du Parti chrétien-démocrate, n’a pas signé ce communiqué, mais s’y est associé, selon France 3.

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Un arbitre déjà contesté. Histoire de garantir la bonne tenue des débats, une instance de contrôle baptisée "Conseil supérieur des primaires" (CSP) sera chargée du bon déroulement des candidatures, de la campagne et enfin des opérations de vote. Cette instance sera présidée par Antoine Rufenacht (photo), ancien directeur de campagne de Jacques Chirac en 2002. Un choix imposé, pestent les même frondeurs, qui y voit l’exemple d’un manque de concertation. "Démonstration en est encore faite (…) avec la désignation de M. Antoine Rufenacht en tant qu’autorité morale", écrivent les trois mécontents.

 Une charte déjà mise à mal. Pour éviter que le psychodrame de la guerre des chefs ne se reproduise à l’échelon parisien, l’UMP veut faire signer une charte aux candidats. L’un des points demande aux prétendants de "se respecter", de "ne pas tenir de propos offensants ou risquant d'amoindrir leurs chances de victoire à l'élection municipale" et surtout de "se rassembler derrière (le futur candidat) et faire campagne en sa faveur". Le respect de la consigne s’annonce très compliquée.

>>> Une ambiance déjà tendue

NKM, la favorite vilipendée. Nathalie Kosciusko-Morizet, soutenue par la plupart des cadres de l’UMP, se présentera en grande favorite. En attendant, la future ex-maire de Longjumeau, dans l’Essonne, doit s’attendre à quelques critiques appuyées de ses camarades mais néanmoins rivaux. Ainsi l’inconnue Douce de Franclieu n’a pas pris de gants au moment d’annoncer sa candidature dans La Dépêche du Midi. " Je ne peux accepter de laisser Paris sous la direction d'un tel cerveau, nouvel exemple catastrophique de ce que la France produit comme élite politique inadaptée", déclarait celle qui défend une position "de droite libérale, girondine et anti-bobo".

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Dati, l'outsider gonflée à bloc. Annoncée largement battue par sa rivale dans un sondage mi-février, Rachida Dati entend tout de même jouer sa carte à fond. La ministre de la Justice a déjà montré qu’elle était prête à l’affrontement, comme le montre un accrochage violent avec Claude Goasguen, maire du 16e arrondissement. Quant à la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet, elle l’avait commentée avant même qu’elle soit officielle. "Vous savez, aujourd’hui, les électeurs supportent mal que vous puissiez faire du tourisme électoral", disait-elle fin décembre 2012 au Talk Orange-Le Figaro. Ambiance…

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>>> Le mode d’emploi

Pour être candidat. Il faut réunir la signature de 10 élus parisiens répartis dans 3 arrondissements et de 300 électeurs répartis dans 5 arrondissements. Il faut ensuite déposer sa candidature avant le 2 avril.

Pour voter. Il convient d’être inscrit sur les listes électorales de Paris au 31 décembre 2012, de s’inscrire préalablement du 15 avril au 10 mai sur un site dédié, moyennant 3 euros.

Comment va se dérouler la campagne ? Elle aura lieu jusqu’au 30 mai à minuit. Chaque candidat pourra envoyer 3 courriels aux électeurs préinscrits, et, à partir de la clôture des candidatures, 3 courriels aux adhérents de l'UMP. Des débats télévisés seront organisés. Une campagne au frais des candidats.

Comment va se dérouler le vote ? Le vote sera électronique, avec possibilité de voter depuis chez soi ou dans des bureaux de votes dédiés. Le premier tour aura lieu entre le vendredi 31 mai et le lundi 3 juin. Si un second tour est nécessaire, il se tiendra entre le vendredi 7 juin et le lundi 10 juin.