Turquie: des législatives anticipées le 22 juillet

  • Copié
Administrator User , modifié à
Comment mettre un terme à la crise politique qui secoue la Turquie? L'AKP vient de reporter au 6 mai la date du prochain tour du scrutin présidentiel. Par ailleurs, la commission constitutionnelle du parlement a proposé que les élections législatives anticipées aient lieu le 22 juillet et non le 24 juin, comme l'avait suggéré l'AKP. Le parlement réuni en Congrès devrait approuver cette recommandation.

L'AKP au pouvoir en Turquie a proposé la tenue d'élections législatives anticipées pour juguler la crise politique opposant le gouvernement issu de la mouvance islamiste aux élites laïques. Le parti proposait le 24 juin, mais la commission constitutionnelle du parlement a annoncé la date du 22 juillet. Une décision qui devra être entérinée par le parlement. Plus tôt dans la journée de mercredi, l'AKP a annoncé avoir modifié la date du prochain tour de scrutin présidentiel, désormais fixé au 6 mai. La Cour constitutionnelle, saisie par l'opposition laïque, a invalidé le premier tour de l'élection présidentielle constatant que le quorum requis n'avait pas été atteint. Le parti islamo-conservateur souhaite aussi que le chef de l'Etat soit élu au suffrage universel et non plus par les députés, a indiqué le Premier ministre, Tayyip Erdogan. Deniz Baykal, dirigeant du Parti républicain du peuple (CHP, opposition laïque), a cependant estimé qu'il était trop tard pour que l'actuel parlement, élu en 2002, procède à cette révision constitutionnelle.L'opposition a boycotté le tour de scrutin du 27 avril et entend continuer. Abdullah Gül est le seul candidat à la présidence et le gouvernement se montre résolu à parvenir à ses fins, l'AKP étant majoritaire à l'assemblée. "La décision de la Cour constitutionnelle est une balle tirée en direction de la démocratie", a déclaré Erdogan lors d'un meeting de son parti retransmis à la télévision. La cour a été accusée de parti pris en faveur du camp laïque. Un poids symbolique important s'attache à la fonction présidentielle en Turquie parce que le premier à l'avoir exercée fut le prestigieux fondateur de la république moderne, Mustafa Kemal Atatürk. Le président dispose aussi de droits de veto et de nomination, et il est le chef des forces armées. Les "laïques", à commencer par les puissants chefs militaires et les juges, craignent que l'AKP ne s'éloigne des principes de la République s'ils contrôlent la présidence, dernière grande institution d'Etat qui lui échappe encore. L'AKP rejette l'idée en soulignant son action pro-occidentale. "Nous ne sommes pas un parti centré sur la religion", a réaffirmé Erdogan. Les tensions se sont brutalement accrues en Turquie avec une menace d'intervention de l'armée, qui se pose en gardienne du système laïc, dans la présidentielle, le boycottage du premier tour de scrutin par l'opposition et le rassemblement de près d'un million de manifestants laïques dimanche à Istanbul. Les marchés financiers et la livre turcs ont progressé d'environ 2% mercredi, après avoir enregistré ces deux derniers jours leur baisse la plus marquée depuis un an sous l'effet de l'incertitude ambiante. A Bruxelles, la Commission européenne s'est félicitée mercredi du projet de législatives anticipées dans la perspective d'un dénouement de la crise politique. Dans un communiqué, l'exécutif de l'UE invite tous les partis turcs à respecter la décision de la Cour constitutionnelle invalidant le premier tour de l'élection présidentielle.