Pour Aubry, le travail dominical est "une régression"

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Louis Hausalter , modifié à
Alors que le projet de loi Macron prévoit d'autoriser l'ouverture des commerces jusqu'à 12 dimanches par an, la maire de Lille dénonce une "régression pour notre société".

Il ne manquait plus qu'elle. Alors que le projet de loi d'Emmanuel Macron rencontrait déjà une forte hostilité parmi la majorité, Martine Aubry vient ajouter son grain de sel. La maire de Lille se prononce contre l'extension de l'ouverture des commerces le dimanche, mesure du texte qui cristallise le plus de tensions. Une "régression pour notre société", écrit l'ancienne première secrétaire du PS dans une tribune publiée par Le Monde, mercredi. "Je me suis toujours engagée pour un dimanche réservé à la vie : vie personnelle, vie collective. Aujourd’hui, je suis fermement opposée au passage de 5 à 12 dimanches ouverts par an".

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Elle veut préserver le dimanche. "Veut-on faire de la consommation -  encore plus qu’aujourd’hui - l’alpha et l’oméga de notre société ?", s'insurge Martine Aubry. "La gauche n’a-t-elle désormais à proposer comme organisation de la vie que la promenade du dimanche au centre commercial et l’accumulation de biens de grande consommation ?"

La maire de Lille récuse par ailleurs les effets économiques attendus de l'extension du travail le dimanche. Pour elle, "l’élargissement des jours d’ouverture procédera à une simple réaffectation des achats dans la semaine". Pire : cette mesure menace les petits commerçants, si bien que "des dizaines de milliers d’emplois seront détruits", assure l'édile.

Des critiques répétées. Martine Aubry plante ainsi une nouvelle banderille dans la politique économique du gouvernement. En octobre, elle avait déjà plaidé dans le JDD pour une "réorientation" de la ligne de l'exécutif, appelant à "emprunter le bon chemin dans les deux ans qui viennent". Une demande déjà formulée dès septembre, au micro d'Europe 1.

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Mélenchon veut descendre dans la rue. Jean-Luc Mélenchon est, lui aussi, très remonté contre le projet de loi Macron. Le leader du Parti de gauche a appelé mercredi à une journée de mobilisation contre l'extension du travail du dimanche, sans en fixer la date. "Il n'y aura pas d'opposition de gauche audacieuse au Parlement s'il n'y en a pas une dans la rue", a déclaré l'eurodéputé au Monde.

Valls : "pas question de banaliser le travail du dimanche". Lors d'une conférence de presse en marge de la présentation du projet de loi Macron, mercredi, Manuel Valls a défendu "une loi de progrès et de liberté", affirmant reprendre "les mots prononcés par le président de la République" en Conseil des ministres. Pour autant, sur la question polémique du travail dominical, le Premier ministre s'est voulu rassurant : "il n'est pas question de banaliser le travail du dimanche. Le repos dominical reste la règle, c'est essentiel pour la vie sociale et familiale". Emmanuel Macron a, de son côté, défendu "une avancée sociale".

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