Traité UE : la droite en père peinard

Actuellement déchirée par une guerre des chefs, l'UMP profite du Traité européen pour afficher son unité.
Actuellement déchirée par une guerre des chefs, l'UMP profite du Traité européen pour afficher son unité. © REUTERS
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Rémi Duchemin, avec agences , modifié à
Une quasi-unanimité sur la question permet à l’UMP et au centre de profiter de la séquence.

La question de la ratification du Traité européen empoisonne la gauche depuis maintenant plusieurs semaines. A droite en revanche, le sujet est abordé avec une sérénité teintée de légèreté. D’abord parce que la question fait la quasi-unanimité, tant à l’UMP qu’au centre-droit. Ensuite parce que les voix des parlementaires de droite seront indispensables à la ratification, ce qui place le Parti socialiste, lâché par ses partenaires écologistes, dans une situation bien inconfortable.

La séquence est donc résolument positive pour la droite, qui tente d’en profiter.

Comment ?

>> En convoquant Sarkozy

Le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de l’Union européenne a été signé le 2 mars par, en première ligne, Angela Merkel et… Nicolas Sarkozy. François Hollande avait promis au cours de la campagne de le renégocier, il n’est finalement parvenu qu’à y adjoindre un volet sur la croissance. Et ça, la droite ne manque pas une occasion de le rappeler. "Ce traité nous convenait sous Nicolas Sarkozy, le même traité avec François Hollande nous convient", a résumé Christian Jacob mardi lors de son point presse.

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La référence à l’ancien président est d’autant plus profitable que, quatre mois après sa défaite, Nicolas Sarkozy semble revenir en odeur de sainteté dans l’opinion. Selon un sondage datant du 17 septembre, 44% des personnes interrogées estimaient en effet que l’ancien chef de l’Etat aurait fait mieux que son successeur dans la situation actuelle. Une autre menée auprès donnait par ailleurs la motion "La Droite forte - Génération Sarkozy" largement en tête (42%) chez les sympathisants de droite. Preuve que la "Sarko-nostalgie" a encore de beaux jours devant elle.

>> En pointant l’"incohérence" de la gauche

 Sur le TSCG, la droite profite de deux angles d’attaque. D’abord par rapport à la promesse de campagne de François Hollande. "Dans ce traité, il n'y a pas une ligne qui a changé. Pas une! Pendant la campagne présidentielle, on a quand même eu un François Hollande qui nous a expliqué: 'Moi président, je renégocierai le traité européen. Moi président, il est hors de question que je signe un traité d'austérité'", jubilait ainsi Laurent Wauquiez jeudi sur RFI.

L’UMP et le contre-droit pointent aussi la désunion du camp adverse. "Il y a ceux qui sont restés en cohérence, les Verts et le Front de gauche et une partie du PS, puis ceux qui ne sont pas cohérents", s’est amusé mardi Jean-Christophe Lagarde, vice-président du groupe centriste à l’Assemblée. Beaucoup ont aussi appelé les deux ministres écologistes, Cécile Duflot et Pascal Canfin, à la démission après la décision du conseil fédéral d’Europe Ecologie de se prononcer contre la ratification.

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>> En affichant son unité

Pointer la désunion des adversaires est d’autant plus plaisant pour la droite qu’elle-même est plutôt unie sur le sujet. Et ce malgré une guerre des chefs des plus féroces à l’UMP entre Jean-François Copé et François Fillon. "Nous, à l'UMP, nous voterons le traité sans états d'âme", répétait encore la semaine passée le député-maire de Meaux. "On a de grands points d'accord avec Fillon, comme la rigueur budgétaire", assurait-il, pas mécontent d'exploiter ce rare point de convergence. "Ce traité, c'est celui auquel on croit, qui permet de nous sauver de la crise", abondait de son côté François Fillon.

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La droite compte tout de même quelques rebelles sur le sujet. Dans un communiqué commun, Lionnel Luca et Jacques Myard, tous deux membres de la Droite populaire, dénonçaient jeudi le TSCG.  "Le pacte de stabilité va imposer aux Etats de soumettre à la Commission européenne et au Conseil, les projets de budgets avant d'être soumis au Parlement (...) Autant dire que désormais le débat parlementaire sur le budget de la Nation sera aussi passionnant que les débats au sein du Soviet Suprême", écrivaient ces tenants d’une ligne dure à l’UMP. Mais en tout, seuls une dizaine de députés UMP devraient voter "non " au traité. Pas de quoi gâcher la fête.