Toulon II : Sarkozy dans le texte

Le texte de Sarkozy décodé
Le texte de Sarkozy décodé © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
DECRYPTAGE - Sarkozy s'est employé jeudi à conjurer la "peur" de la "crise" en parlant "vérité".

De Toulon à Toulon. Pendant plus d’une heure, Nicolas Sarkozy a prononcé, jeudi à Toulon, un discours sur la crise et l’avenir de l’Europe. Il y a trois ans, dans cette même ville, le chef de l’Etat avait présenté ses mesures pour transformer en profondeur l’économie mondiale. Les thèmes et les mots ont-ils changé depuis 2008 ? Références, rhétorique et storytelling : voici son discours décortiqué :

Le décor

Pareil. Tout pareil qu’en 2008. Pour son discours Nicolas Sarkozy avait choisi la même ville : Toulon. La même salle : le Zénith. Le même sujet : la crise économique. La même plume : Henri Guaino. L’audience était composée de 5.000 personnes privées pour l'occasion de drapeau UMP… Ce qui laisse le député socialiste Manuel Valls dubitatif : "quand on convoque 5.000 militants UMP ce soir dans un Zénith à Toulon, on est en campagne" ! A noter, que le drapeau français était ultra-présent (voir notre photo), tout au long de ce discours : histoire de rassurer ceux qui craindrait un abandon de souveraineté au profit de l'Europe.

LA RHÉTORIQUE 

Le mot qu’il a le plus cité 

L'Europe justement. Le président a donc martelé son nom 54 fois. Lui, qui appelait, il y a trois ans, lors du discours Toulon I, à "refonder le capitalisme" souhaite désormais "refonder l’Europe". Cette "refondation de l'Europe, ce n'est pas la marche vers plus de supranationalité" mais vers une "Europe plus démocratique" et "intergouvernementale" où "ce sont les responsables politiques qui décident", a-t-il lancé.

Le mot d’ordre 

"N’ayez pas peur" pourrait être le slogan de ce discours, tant le président a insisté sur ce mot (une bonne dizaine de fois). Nicolas Sarkozy estime en effet, que "la peur est revenue", celle "pour la France de perdre la maîtrise de son destin" dans la crise de la zone euro. Cette peur est néfaste : "elle qui détruit la confiance (…), paralyse les consommateurs, qui empêche l'investisseur d'investir, l'entrepreneur d'entreprendre, le patron d'embaucher, le banquier de prêter", a insisté le président.

Un mot réutilisé

Pour conjurer cette "peur" et pour sauver "l’Europe", pas de surprise, là non plus. La solution est la même qu’en 2008 : "c'est dire la vérité". Cette vérité qu’il faut dire aux Français, "c'est que l'isolement n'est pas une solution, que nous n'avons pas le choix entre l'ouverture et la fermeture parce que la fermeture serait mortelle pour notre économie, pour nos emplois, pour notre niveau de vie", a précisé Nicolas Sarkozy.

Un mot nouveau

Pour réformer l’Europe, Nicolas Sarkozy compte sur "l’Allemagne". Le mot, totalement absent du discours Toulon I, revient huit fois dans ce second volet. L'union franco-allemande face à cette crise sans précédent, assurera, selon lui, aux Français "la maîtrise de leur destin". La chancelière allemande Angela Merkel sera d’ailleurs reçue, lundi, à l’Elysée.

STORYTELLING

Sa doctrine

Face à cette crise, Nicolas Sarkozy l’assure il faudra : "des efforts", "de la souffrance", du "sacrifice". Dans cette optique les Français ne devront donc pas s’offusquer d’une réforme de la protection sociale, "une urgence absolue". Une réforme de l’Europe, trop "lente", s’impose aussi : "la France milite avec l'Allemagne pour un nouveau Traité" de l'Union européenne prévoyant notamment "un véritable gouvernement de la zone euro", a annoncé le président. "Plus de discipline, plus de solidarité, plus de responsabilité assumées devant les peuples, un véritable gouvernement économique. Telle est notre vision de l'avenir de la zone euro et de la future réforme des Traités", a-t-il ensuite ajouté.

Storytelling

Au détour de ces annonces, Nicolas Sarkozy en a profité pour écrire sa version de l’histoire. Face "à la plus grande crise depuis la Seconde guerre mondiale", le président assure avoir su trouver les solutions adéquates. Résultat : "pas un seul centime n’a été perdu", affirme-t-il. D’autres présidents ont visiblement fait moins bien : "regardez autour de nous, dans quelle situation se trouvent nos voisins", propose le chef de l'Etat.

Ses piques

L’occasion était également trop belle : le président sortant, qui n’est toujours pas candidat pour 2012, a su prendre le temps de décocher quelques flèches en direction des socialistes, visant notamment les 35 heures, l’accord PS-EELV ou encore la VIe République d’Arnaud Montebourg. "Ce n'est pas en passant à la VIe République qui dans les faits est un retour à la IVe qu'on trouvera la solution", a-t-il, par exemple, fustigé.

Discours de Nicolas Sarkozy - Toulon le 1er décembre 2011