Toubon, Défenseur des droits ? Le web sort les dossiers

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Fabienne Cosnay , modifié à
TWITTER N'OUBLIE RIEN - Sur le réseau social, des internautes ont exhumé les dossiers noirs de Jacques Toubon. Cette possible nomination passe mal à gauche.

Le communiqué de l'Elysée, publié mercredi soir, a d'abord surpris. François Hollande a proposé de nommer le Chiraquien Jacques Toubon au poste de Défenseur des Droits, pour succéder à Dominique Baudis, mort en avril dernier et dont le travail avait été salué à gauche comme à droite. Douze heures plus tard, cette proposition de nomination apparaît totalement déplacée, pour ne pas dire choquante, eu égard à certaines positions prises par le passé par Jacques Toubon, quand il était député de Paris. Sans oublier l'histoire de l'hélicoptère envoyé dans l'Himalaya … Des archives exhumées sur Twitter et qui s'avèrent encombrantes pour un futur Défenseur des droits.

Contre l'abolition de la peine de mort …

Peu après le communiqué de l'Elysée, c'est un tweet posté par l'avocat blogueur Me Eolas qui met le feu aux poudres sur le réseau social. "Toubon, futur défenseur des droits, sur la liste des députés ayant voté contre l'abolition de la peine de mort en 1981", écrit @Maitre_Eolas, accompagnant son propos d'une capture d'écran du procès-verbal de l'époque. En 1981, Jacques Toubon fait son entrée au Palais-Bourbon. Le 18 septembre de la même année, le député de Paris vote contre le projet de loi d'abolition de la peine de mort. Comme la majorité du groupe RPR. Seuls 11 députés sur 88 votent alors pour la loi Badinter. Mais parmi eux, on peut citer Jacques Chirac, Philippe Séguin ou encore François Fillon.

… Et contre la dépénalisation de l'homosexualité

Un peu plus tard dans la soirée de mercredi, le porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts Julien Bayou poste ce tweet. "Bravo @fhollande Toubon a voté contre la dépénalisation de l'homosexualité. La féministe Caroline de Haas ironise : "Le mec qui a voté contre la dépénalisation de l'homosexualité va devoir lutter contre l'homophobie. Des champions", écrit elle, soulignant aussi que Jacques Toubon était prêt à amnistier des commandos anti-IVG quand il était ministre de la Justice en 1995. Un projet de loi qui avait finalement été retiré avant même son examen à l'Assemblée.

L'hélicoptère dépêché dans l'Himalaya

Mais c'est surtout l'épisode de l'hélicoptère dans l'Himalaya qui fait se gausser le web. Souvenez-vous : en 1996, Jacques Toubon, alors ministre de la Justice, envoie un hélicoptère chercher le procureur Laurent Davenas, en vacances dans l’Himalaya, espérant ainsi mettre fin à la procédure judiciaire lancée par l'un de ses collègues magistrats contre Xavière Tibéri. Un dossier qui a longtemps aux basques de Jacques Toubon et qui aujourd'hui, paraît encore plus choquant pour un potentiel Défenseur des droits. "Les convictions de Jacques Toubon sont plutôt à l'envers du rôle qui va lui être confié", a estimé la présidente du Syndicat de la magistrature, Françoise Martres, pour qui l'intéressé n'avait "pas brillé par son souci de respecter l'indépendance de la justice" lors de son passage Place Vendôme.

 >>> Jacques Toubon survivra t-il à ces archives venues de Twitter ? Pas sûr. Car l'affaire prend désormais une tournure politique.

Des députés PS en colère. Les députés socialistes issues du collectif la Gauche Forte Yann Galut et Alexis Bachelay ont demandé jeudi à leurs collègues de rejeter la nomination de Jacques Toubon dans une tribune publiée sur Rue89. "Le président de la République a placé au centre de son engagement avec les Français, la République exemplaire. "Cette nomination viendrait à l’encontre de ce souhait d’exemplarité et participerait à accentuer la fracture entre nos concitoyens et les institutions", écrivent les députés après avoit tweeté leur désapprobation. "Jacques Toubon est proposé comme défenseur des droits ? J'invite mes collègues de la commission des lois à rejeter cette proposition !", a écrit le député des Hauts-de-Seine Alexis Bachelay sur son compte Twitter. Son homologue du Pas-de-Calais Nicolas Bays a été plus dur encore en écrivant : "La nomination de Jacques Toubon comme défenseur des droits est un mauvais signal !! Elle détériore l'image de cette noble fonction !!"

Bloquer la nomination ? Cette nomination doit encore franchir l'obstacle du vote des commissions parlementaires compétentes, la commission des lois de l'Assemblée et du Sénat. Mais les députés réfractaires ont peu de chances de voir la désignation de Jacques Toubon rejetée, une majorité négative des trois cinquièmes des suffrages exprimés étant requise pour bloquer la nomination.