Tony Blair, une dernière fois à Bagdad, ne regrette rien

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Administrator User , modifié à
Tony Blair a effectué samedi sa dernière visite à Bagdad en tant que chef du gouvernement britannique. Il a déclaré ne rien regretter du rôle qu'il a fait jouer à son pays dans l'invasion et l'occupation d'un Irak aujourd'hui au bord de la guerre civile. Tony Blair a fait ses adieux à son homologue Nouri al Maliki et au président irakien Djalal Talabani.

Tony Blair ne regrette rien du rôle qu'il a fait jouer à son pays en Irak. "Je n'ai aucun regret quant au renversement de Saddam, vraiment non", a-t-il déclaré lors de sa dernière visite à Bagdad en tant que Premier ministre britannique. "L'avenir de l'Irak doit être défini par les Irakiens en conformité avec leurs souhaits et il est important que les pays voisins le comprennent", a-t-il ajouté. Tony Blair a fait ses adieux samedi à son homologue, Nouri al Maliki, et au président Djalal Talabani. C'est dans la Zone verte, un quartier administratif fortifié du centre de la capitale irakienne, que Tony Blair s'est exprimé. Zone qui a été la cible de tirs de mortier présentés par son entourage comme routiniers. Direction ensuite Bassorah dans le sud du pays pour rendre visite aux troupes britanniques. "Si nous ne mettons pas d'ordre dans cette région, alors, à mes yeux, un avenir très troublé et difficile attend le monde", y a-t-il déclaré. Et là encore, des tirs de mortier ou de roquettes ont ponctué sa visite aux milliers de militaires britanniques pendant qu'il bavardait avec plusieurs d'entre eux. A quelques semaines de son départ du 10, Downing Street, cette visite de Blair est très symbolique, dans un pays que l'intervention américano-britannique de 2003, décidée sans le feu vert de l'Onu, a plongé dans le chaos. La décision controversée de Blair, en 2003, de joindre les forces britanniques à celles des Etats-Unis, en dépit de l'hostilité de l'opinion de son pays, demeurera comme un des moments forts de sa décennie à la tête du gouvernement britannique. Quatre ans après, le bourbier irakien et le soutien sans réserve de Blair pour la politique irakienne de la Maison blanche constituent une des raisons principales de la décision du leader travailliste de quitter prématurément le pouvoir, sous la pression des cadres de son parti. Il démissionnera le 27 juin. Le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, le remplacera très vite. Quatre ans après leur arrivée en Irak, les forces américano-britanniques essuient des attaques quotidiennes de la rébellion irakienne, les violences intercommunautaires minent l'autorité du gouvernement central irakien et les responsables de la coalition de Maliki admettent eux-mêmes que stabiliser l'Irak pourrait s'avérer "mission impossible". Pourtant, Tony Blair veut encore y croire. Son porte-parole a parlé samedi de "la nécessité de profiter d'une possible dynamique dans la politique irakienne pour se ménager l'espace pour une sécurité à long terme". Ce qu'il faut pour cela, a-t-il ajouté, c'est "une réconciliation entre Irakiens qui tienne compte des besoins des diverses communautés" du pays, dont les affrontements conduisent chaque jour l'Irak un peu plus au bord de la guerre civile. Selon un sondage réalisé pour l'Observer, 58% des citoyens britanniques estiment que l'aventure irakienne est le plus gros échec de Tony Blair. Ils lui reprochent surtout de les y avoir entraînés sur la base d'un faux prétexte, celui des armes de destruction massive que Saddam Hussein aurait accumulées, mais dont les forces occidentales n'ont trouvé nulle trace.