Tony Blair quittera son poste le 27 juin

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Administrator User , modifié à
C'est depuis le village de Trimdon, où le 11 juin 1994 il avait lancé sa campagne pour devenir chef du Parti travailliste, que Tony Blair a annoncé son départ du poste de Premier ministre. Il quittera le pouvoir le 27 juin. Tony Blair a par ailleurs annoncé sa démission de la direction du Parti travailliste. Cette décision ouvre la voie à une bataille pour sa succession à la tête du Labour. Le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, en est le grand favori. Le nouveau chef du Parti travailliste deviendra automatiquement le nouveau Premier ministre britannique.

Une page va se tourner en Angleterre. Tony Blair a annoncé jeudi qu'il quitterait le pouvoir le 27 juin. Il présentera ce jour-là sa démission à la reine Elizabeth II. "Je suis revenu là où mon parcours politique avait commencé, et où il se terminera", a-t-il dit lors d'un discours devant les membres de son parti à Trimdon, sa circonscription du nord de l'Angleterre. "J'ai été le Premier ministre de ce pays pendant un peu plus de dix ans", a dit Tony Blair. "Je crois que c'est assez long, non seulement pour moi, mais également pour le pays. Parfois, la seule façon de maîtriser l'attirance pour le pouvoir, c'est de l'abandonner." Tony Blair n'est que le second Premier ministre en un siècle à avoir été au pouvoir pendant dix ans. Mais son bilan au 10, Downing Street restera terni par l'intervention en Irak et par une affaire de corruption. Cette dernière, l'affaire "prairies contre donations", a fait de lui le premier chef de gouvernement en exercice à être interrogé par la police dans le cadre d'une enquête criminelle. Le Premier ministre britannique, le plus proche allié du président George Bush sur l'Irak, s'en ira aussi miné par l'intervention militaire de 2003 en Irak, devenue très impopulaire. Mais Tony Blair laissera aussi le souvenir d'un dirigeant qui a contribué à ramener la paix en Irlande du Nord après des décennies de violences, qui a remporté - une première - trois élections de suite pour le New Labour et a réformé l'ancien Parti travailliste en le faisant glisser vers le centre. Selon un sondage publié jeudi par le Guardian, 60% des électeurs pensent que Tony Blair devrait laisser l'image d'une force de changement, même si ce changement n'a pas toujours été positif. D'après ce sondage de l'institut ICM, 44% des sondés jugent qu'il a joué un rôle positif pour la Grande-Bretagne. Mais en septembre, une fronde au sein du Parti travailliste a contraint Tony Blair à annoncer son départ dans un délai d'un an et avant la fin de son troisième mandat afin de laisser à son successeur désigné, le chancelier de l'Echiquier Gordon Brown, le temps de préparer les prochaines échéances électorales, qui pourraient tomber en 2009. En vertu du système politique britannique, en tant que chef du parti travailliste, Gordon Brown deviendra aussi Premier ministre. Le Premier ministre est en effet au Royaume-Uni le leader du parti majoritaire à la Chambre des Communes. Gordon Brown, dont la résidence officielle jouxte aujourd'hui celle de Tony Blair dans Downing Street, ne cache plus son impatience de voir partir son voisin. Selon leurs détracteurs, leur rivalité, souvent âpre, a nui à l'efficacité du gouvernement. Les deux hommes ont tous les deux oeuvré à la montée en puissance du New Labour et à sa victoire en 1997, après 18 années de traversée du désert. Le principal défi du ministre des Finances sera de redorer avant les prochaines élections le blason des travaillistes et de refaire leur retard sur l'opposition conservatrice dans les sondages. Depuis qu'il est arrivé à sa tête en 2005, le chef de file des conservateurs David Cameron, 40 ans, a donné une nouvelle jeunesse au parti de Margaret Thatcher - seul Premier ministre à être resté au pouvoir plus longtemps que Blair au cours du siècle écoulé - et de Winston Churchill. Les sondages donnent à penser qu'il est en position de décrocher une petite majorité au parlement dans un scrutin national. Gordon Brown est crédité d'une décennie de solide croissance économique et l'on apprécie le fait qu'il ait donné son indépendance à la Bank of England, qui fixe les taux d'intérêt. Il a également contribué à une forte augmentation des crédits pour l'enseignement et la santé, ce dont l'électorat ne s'est toutefois pas montré très reconnaissant. Mais la presse britannique - jamais tendre - s'interroge sur le charisme du ministre des Finances, réputé sérieux mais terne à côté de l'autrefois flamboyant Tony Blair.