Taubira réservée sur les centres fermés

Philippe Courroye est "exposé à trois mises en examen", a justifié la ministre.
Philippe Courroye est "exposé à trois mises en examen", a justifié la ministre. © MAX PPP
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avec AFP , modifié à
Dans une entretien à Libération mardi, la ministre de la Justice revient sur tous les dossiers chauds.

"Cela fait combien de temps que ça dure, le cirque?" Dans un entretien au journal Libération paru mardi, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, justifie la mutation du procureur Philippe Courroye qui, selon elle, aurait dû intervenir "depuis longtemps".

La mutation de Courroye aurait dû intervenir "depuis longtemps"

Tandis que Philippe Courroye a engagé lundi un recours devant le Conseil d'Etat, estimant être victime d'une sanction disciplinaire aux motivations politiques, Christiane Taubira a expliqué qu'il était "urgent" dans cette affaire de "rétablir la sérénité" au parquet de Nanterre.

"Le troisième parquet de France, ce n'est pas rien. Il est sous les feux de l'actualité depuis un temps considérable et cela finit par perturber son activité judiciaire", estime la garde des Sceaux. "Je prends mes responsabilités (...). Je ne règle pas le problème de M. Courroye, je règle celui du parquet", dit-elle.

Philippe Courroye est "exposé à trois mises en examen", pointe encore la ministre en tranchant : "la décision aurait même dû être prise depuis longtemps".

A propos des parquets, la ministre répète qu'"il n'y aura aucune ingérence de (sa) part" dans leur activité et rappelle qu'il est prévu une réforme du mode de nomination des magistrats "pour qu'enfin cessent les soupçons partisans".

"Les Centres éducatifs fermés ne sont pas LA solution"

Dans cet entretien au quotidien de gauche, Christiane Taubira revient sur un autre dossier chaud : les Centres éducatifs fermés (CEF). Si François Hollande avait promis de doubler leur nombre durant la campagne présidentielle, la ministre de la Justice se montre très réservée mardi.

"Il faut sortir du fantasme CEF. Il faut arrêter de dire que c'est LA solution", juge la garde des Sceaux.

"Nous sommes à 42 CEF", explique Christiane Taubira à Libération. "L'héritage de la précédente mandature prévoyait la transformation de 18 foyers supplémentaires en CEF, j'ai arrêté ça et lancé une inspection devant évaluer ces centres", ajoute-t-elle.

"Recréer une politique pénale"

"Aujourd'hui, on place en CEF des jeunes car, parfois, il n'y a pas d'autres offres de placement. On ne va quand même pas en construire d'autres pour légitimer ce contresens", renchérit-t-elle, en se disant "sensible au milieu ouvert pour une réalité simple: 80% de non-récidive". Selon elle, la transformation de foyers ouverts en centres fermés serait donc "incongrue".

Dans cet entretien, la ministre confirme plus généralement son intention de "recréer une politique pénale qui, sur la base de la lutte contre la récidive, fait de la pédagogie autour de la sanction".

"Il y a des années qu'on sait que la prison, sur les courtes peines, génère de la récidive, c'est presque mécanique. Il faut arrêter!", dit-elle, estimant de surcroît que "le taux de remplissage des prisons n'est plus seulement inacceptable. Il est dangereux".