Syrie : Valls justifie l'absence de vote au Parlement

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Fabienne Cosnay , modifié à
Le ministre de l'Intérieur a répondu à la droite qui critique l'absence de vote du Parlement dans le dossier syrien.
photo interieur valls

Manuel Valls était l'invité dimanche du Grand Rendez-Vous Europe1-Le Monde –i>TELE. Le ministre de l'Intérieur a longuement parlé de la Syrie et a donné une petite leçon de droit constitutionnel à ceux qui, en France, critiquent l'absence de vote du Parlement en cas d'intervention militaire. Le locataire de la place Beauvau, qui a perdu son duel avec la Garde des Sceaux Christiane Taubira sur la future loi pénale, est revenu sur le calendrier de cette future réforme hautement sensible.

LA SYRIE APRÈS LE REVIREMENT D'OBAMA

Interrogé sur la volte-face de Barack Obama qui a décidé de consulter le Congrès, Manuel Valls a reconnu qu'une nouvelle ère démarrait et que la France ne pouvait rien faire sans les Etats-Unis. "La France ne peut pas y aller seule. Il faut une coalition", a déclaré Manuel Valls. "Nous entrons dans une nouvelle phase", a-t-il expliqué. "Nous avons désormais un temps et ce temps, il faut le mettre à profit pour que les choses bougent", a encore souligné le locataire de la place Beauvau, espérant que dossier syrien avance au G20 qui se tiendra la semaine prochaine à Saint-Pétersbourg en Russie et avant le vote du Congrès aux Etats-Unis qui aura lieu le 9 septembre.

"Nous entrons dans une nouvelle phase" :

Si la France ne peut aller seule en guerre en Syrie, cette intervention est plus que jamais nécessaire, selon Manuel Valls. "Le massacre chimique de Damas ne peut ni ne doit rester impuni et la détermination du président de la République est intacte". "Nous avons un faisceau d'indices qui vont dans le sens de la responsabilité du régime syrien et 'il faut porter un coup d'arrêt à ce régime qui commet l'irréparable sur sa population" (…) "Gazer une population constitue un crime contre l"humanité et le pire serait de ne rien faire", a martelé le premier flic de France.

VALLS FAIT UN COURS DE CONSTITUTION

Alors que de plus en plus de voix s'élèvent à droite pour exiger un vote du Parlement en cas d'intervention française en Syrie, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls s'est référé à la Constitution française, faisant la lecture complète de l'article 35 de la Constitution qui prévoit les modalités de saisine du Parlement en cas d’intervention armée. "Le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote. Lorsque la durée de l'intervention excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l'autorisation du Parlement. Il peut demander à l'Assemblée nationale de décider en dernier ressort".

"Nous appliquons la lettre et l'esprit de la Constitution (…) On ne modifie pas la pratique de la Constitution en fonction des humeurs des uns et des autres ou de ce qui se passe dans le monde !", a répondu le locataire de la place Beauvau à ceux, qui, en France, critiquent l'absence de pouvoir décisionnaire du Parlement. "L'esprit et la lettre de la Ve république doivent être respectés et je m'étonne qu'un certain nombre de personnes, qui par ailleurs se réclament du gaullisme, mettent en cause ce qui est un fondement même du rôle du chef de l'Etat en matière de politique étrangère et en matière de politique de défense", a conclu le ministre de l'Intérieur.

RÉFORME PÉNALE : "PAS DE PRÉFÉRENCE"

Christiane Taubira l'a-t-elle fait changer d'avis ? Alors qu'il avait assuré vendredi que "le Parlement sera(it) saisi du texte sur la réforme pénale après les élections municipales" prévues en mars 2014, le ministre de l'Intérieur a assuré dimanche sur Europe 1 "n'avoir pas de préférence" sur le calendrier. Dans un entretien au Monde samedi, Christiane Taubira était une nouvelle fois montée au créneau pour défendre sa loi pénale, estimant que "ce serait une "faute éthique et une erreur politique" de la retarder au-delà des municipales.

"La garde des Sceaux assumera le texte devant le Parlement" :

"Il appartient au président de la République et au Premier ministre, s'ils le souhaitent, de changer l'ordre du jour parlementaire. "Si on considère que ce texte doit venir avant, ce n'est pas un problème. Il faut l'assumer et la garde des Sceaux l'assumera devant le Parlement", a poursuivi le ministre de l'Intérieur. En clair, il ne faudra pas compter sur lui pour aller défendre la réforme pénale.

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