Syrie : l'Elysée et le casse-tête des preuves

En coulisses, l'Elysée continue de "vérifier les preuves de ce qui semble s'être réellement passé", confie à Europe 1 un conseiller de François Hollande.
En coulisses, l'Elysée continue de "vérifier les preuves de ce qui semble s'être réellement passé", confie à Europe 1 un conseiller de François Hollande. © MAXPPP
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Fabienne Cosnay et Antonin André , modifié à
Si l'exécutif n'a aucun doute sur l'utilisation par Bachar al-Assad d'armes chimiques, en faire la démonstration prend du temps.

Londres et Washington temporisent. Un pas en avant, trois pas en arrière ? L'intervention militaire en Syrie qu'on annonçait imminente, semble aujourd'hui moins pressante. Alors que le Conseil de Sécurité de l'ONU s'est réuni sans parvenir à un accord, Londres et Washington ont temporisé leurs positions, mercredi. Le Premier ministre britannique David Cameron a tenté mercredi de désamorcer les inquiétudes de parlementaires encore hantés par la guerre en Irak, en s'engageant à attendre le rapport des inspecteurs de l'ONU avant toute décision sur une action militaire en Syrie. Quelques heures plus tard, c'est Barack Obama qui affichait une certaine prudence sur le dossier, expliquant qu'il n'avait encore pris aucune décision, et précisant que d'éventuelles frappes seraient "limitées" et se résumeraient à un "coup de semonce" destiné à convaincre Bachar al Assad de ne pas mener d'assaut aux armes chimiques.

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Paris s'y met aussi. En France aussi, l'heure est à la temporisation et à la prudence. Invitée sur France 2 jeudi, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a répété en boucle la nécessité de "prendre le temps" : "prendre le temps de la réflexion, prendre le temps de la concertation avec les partenaires, prendre le temps de recevoir les conclusions des experts de l’ONU, c’est préparer une réponse la plus appropriée possible", a expliqué la porte-parole du gouvernement. "Il faut que la communauté internationale trouve une riposte adaptée à la situation", selon elle, mais elle est "compliquée à construire", a-t-elle conclu.

"Vérifier les preuves". En coulisses, l'Elysée continue de "vérifier les preuves de ce qui semble s'être réellement passé", confie à Europe 1 un conseiller de François Hollande. Une formule alambiquée qui souligne l'embarras de l'exécutif sur la question de la légalité d'une intervention armée contre la Syrie hors du cadre de l'ONU.

Pourquoi cela prend du temps. Si l'Elysée n'a aucun doute sur l'utilisation par Bachar al-Assad d'armes chimiques, en faire la démonstration publique prend du temps. Deux raisons à cela, détaille un diplomate, interrogé par Europe 1. Premièrement, les armes chimiques utilisées par Damas sont très sophistiquées. Deuxièmement, les analyses d'échantillonnages prennent du temps. L'équipe des inspecteurs en armes chimiques de l'ONU doit recueillir des échantillons de sang, d'urine et de cheveux des personnes exposées à des vapeurs toxiques. Ces échantillons devront ensuite être analysés par des laboratoires spécialisés. En France, la seule structure habilitée est le Centre de recherche du Bouchet, dans l'Essonne.

Obtenir des témoignages directs. Le Quai d'Orsay cherche également à "vérifier les preuves" par le biais de témoignages directs recueillis par des ONG présentes en Syrie.