Sur TF1, Macron joue la carte de la proximité avec les Français

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Souvent taxé de "président des riches", plus occupé à théoriser la politique qu'à se préoccuper des problèmes du quotidien, Emmanuel Macron a tenu à inverser la tendance, jeudi, sur TF1.
ON DÉCRYPTE

C'est ce qui s'appelle adapter la forme au fond. En choisissant de répondre aux questions de Jean-Pierre Pernaut sur TF1 un jeudi à 13 heures, Emmanuel Macron savait qu'il serait confronté à des questions très terre à terre, sur cette "vie quotidienne" que le présentateur vedette de la chaîne s'attache à décrire au fil de ses journaux télévisés. Le président, plus habitué à égrener les concepts philosophiques et les citations dans de longues phrases, a quelque peu modifié sa façon de s'exprimer pour coller au cadre de cette intervention. Tout en conservant certains éléments récurrents de sa rhétorique.

Ferme et en même temps à l'écoute. Parmi ceux-là, sa faculté d'écoute. Tout au long de l'interview, Emmanuel Macron a répété qu'il "entendait" la colère des Français sur des sujets divers, comme la hausse de la CSG pour les retraités. "Je ne suis pas toute la journée enfermé à l'Élysée", a-t-il dit en guise de préambule. "On m'écrit beaucoup, je lis. Il y a des inquiétudes, elles sont légitimes et je les entends." Adoptant régulièrement un ton conciliant, que ce soit vis-à-vis des seniors, des professionnels de santé ou des cheminots, le chef de l'État a néanmoins tenu bon sur le fond. Il a ainsi réaffirmé qu'il fallait "aller au bout" de la réforme de la SNCF, assumé les opérations policières d'évacuation à Notre-Dame-des-Landes et assumé les "efforts" demandés aux retraités.

Pas de fracture. En venant sur TF1, Emmanuel Macron prenait surtout acte d'une menace : celle d'une fracture entre la France des cadres, qui soutient majoritairement sa politique, et la France plus populaire, qu'il ne parviendrait pas à convaincre. Une large partie de ses réponses a donc été consacré à, précisément, nier cette fracture. Rappelant qu'il était le "président de tous les Français", et non celui des riches, le chef de l'État a par exemple adapté sa métaphore des "premiers de cordée". "Certains pensent que pour que la cordée tienne, il suffit que les premiers galopent. Ce n'est pas vrai", a-t-il lâché. Autrement dit, Emmanuel Macron n'entend pas gouverner uniquement pour la France qui gagne.

Proximité. Dans sa manière de parler aussi, le président a tenté de jouer la carte de la proximité. Lui qui emploie régulièrement des termes issus d'un langage soutenu a, cette fois, préféré s'en tenir à un vocabulaire simple, n'hésitant pas à esquiver quelques négations et redoubler certains sujets. Surtout, il s'est attaché à parler à la seconde personne du pluriel, s'adressant aux Français et non à Jean-Pierre Pernaut. Exemple parlant sur les retraités touchés par la hausse de la CSG : "Vous avez cotisé toute votre vie mais pour payer la retraite de vos aînés, pas la vôtre, c'est la beauté du système français", a-t-il expliqué. "Attendez le mois de novembre, vous aurez un tiers de taxe d'habitation en moins."