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Romain David , modifié à
Invité d'Audrey-Crespo Mara dans la matinale d'Europe 1, le fils du fondateur de l'ENA a tenu à prendre la défense de cette institution, dont la suppression pourrait bien figurer dans la liste des mesures supposées mettre fin à la crise déclenchée par les "gilets jaunes".
INTERVIEW

La suppression de l'école nationale d’administration aurait dû être annoncée lundi soir par Emmanuel Macron, avant que l'incendie de Notre-Dame de Paris ne prenne le pas sur son allocution. Invité vendredi d'Audrey Crespo-Mara, sur Europe 1, Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel et fils de Michel Debré, qui a crée en 1945 l'ENA, a tenu à dénoncer une mesure démagogique. "C'est une astuce politique intelligente. Depuis quelques jours, on ne parle pas de ce qui est souhaité par les Français, qui est l'amélioration de la fiscalité, on parle de l'ENA, alors que tout le monde s'en fiche", a-t-il déclaré.

"On polarise sur un autre sujet pour que tout le monde en discute et oublie que, dans le discours que le président de la République n'a pas fait, il n'y avait rien", tacle ce proche de Jacques Chirac.

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Une réforme plus globale des études supérieures ? 

Dans l'ordonnance du 9 octobre 1945, sur la création de l'ENA, l'exposé des motifs regrette que la seule école qui permette d’accéder à la haute fonction publique soit Sciences-po, qui "n'est guère accessible qu'à des étudiants aisés résidant à Paris". En 1970, 45% des énarques étaient des enfants issus des catégories socio-professionnelles les plus élevées. Ils seraient 70% aujourd'hui, contre seulement 6% d'élèves enfants d'ouvriers et de salariés, selon un pointage de la Cour des comptes. "Ça n'est pas le problème de l'ENA, c'est le problème des études supérieures", balaye Jean-Louis Debré. "Faisons en sorte qu'il y ait plus d'enfants de salariés et d'ouvriers qui puissent accéder aux études supérieures. Ça c'est la réforme des études scolaires et universitaires, pas une réforme de l'ENA."

"L'ENA a été créée par la République, pour la République, par les républicains"

"On reproche à ces jeunes [énarques, ndlr] d'être arrogants. Mais qui est arrogant ? Le pouvoir politique !", tacle l'ancien président de l'Assemblée nationale. "Peut-être faudrait-il faire que l'on ne puisse devenir président de la République qu'après une expérience de 30 ans de maire ou de conseiller général", glisse-t-il. Une manière aussi d'égratigner Emmanuel Macron, entré à l'Elysée à 39 ans, sans jamais avoir exercé aucun mandat électoral.

"L'école d'administration a été créée par la République, pour la République, par les républicains", veut rappeler Jean-Louis Debré, alors qu'une première école d'administration avait été fondée en 1848, sous la Deuxième République, avant d'être supprimée à l'orée du Second empire. "Finalement, il y a deux personnes qui auront ou qui veulent supprimer l'ENA : Napoléon III et Macron", relève-t-il.