Revivez la "matinale spéciale présidentielle" avec Emmanuel Macron

  • Copié
, modifié à
Le candidat à la présidentielle, fondateur d'En Marche!, était l'invité d'Europe 1 mercredi pour une matinale spéciale de 7h30 à 9 heures.

Il caracole en tête des sondages, au coude à coude avec Marine Le Pen. Et rêve déjà d'une qualification au second tour face à la présidente du Front national. Emmanuel Macron était l'invité d'Europe 1, mercredi, dans le cadre d'une matinale spéciale présidentielle. Pour conforter son avance, le fondateur d'En Marche! mise sur ce qui a fait son succès jusqu'ici : un positionnement à la fois de droite et de gauche, qui lui permet de s'attirer des soutiens venus des deux côtés. Au risque, peut-être, de brouiller son message.

 

Ce qu'il faut retenir

  • Emmanuel Macron a "remercié" Manuel Valls, qui a annoncé qu'il voterait pour lui dès le premier tour en avril
  • Le fondateur d'En Marche! s'est étendu sur le style de président qu'il voudrait être, le définissant comme "engagé" et n'étant pas dans "l'anecdote"
  • Le candidat à la présidentielle est revenu sur plusieurs mesures phares de son programme, notamment la suppression partielle de la taxe d'habitation

 

#Lapsus. Non, Emmanuel Macron n'a pas séché ses cours de géographie. Le candidat avait pourtant dit que la Guyane était une île. "C'était un lapsus", explique-t-il dans la Social Room d'Europe 1. "Je suis le candidat à cette présidentielle qui connaît le mieux la Guyane. J'y ai passé plusieurs semaines de ma vie, j'y suis allé en tant que ministre." Que tout soit monté en épingle pendant la campagne lui semble prévisible. "Une campagne a toujours été une essoreuse. Je me sens ausculté en profondeur. Dès qu'il y a la moindre chose, la moindre aspérité, elle est sortie." 

#Agriculture. Emmanuel Macron défend son programme en matière d'agriculture. "La première règle que j'impose, c'est que toute l'assistance aux exploitants agricoles doit être séparée des laboratoires et contrôlée", précise-t-il, notant que, bien souvent, les conseils dispensés émanent d'experts rattachés à des multinationales qui ont un intérêt, par exemple, à l'utilisation de pesticides. Pour les "pesticides dangereux" et les produits phytosanitaires justement, le candidat se prononce pour "une sortie à horizon de 10 ans". 

Favorable à l'application du Ceta, Emmanuel Macron estime que le traité a été "négocié". "Les Etats membres ont voté pour transférer à la Commission européenne ce pouvoir" de négociation, réplique-t-il à ceux qui jugent que ces négociations ont été faites de manière opaque.

#Débat. Le débat entre les 11 candidats prévu le 20 avril, trois jours avant le premier tour, semble compromis. Jean-Luc Mélenchon a déjà indiqué qu'il ne souhaitait pas y participer. Emmanuel Macron estime avoir "autre chose à faire que courir de chaînes en chaînes pour multiplier les débats à 11". "Je ferai de toute façon un débat à 11. Mais mon souhait, pour simplifier les choses pour tout le monde, c'est que le CSA se saisisse du sujet."

#Valls. Manuel Valls vient d'apporter son soutien à Emmanuel Macron. "Je l'en remercie", a immédiatement réagi ce dernier. "Cela traduit le fait que les primaires [sic] n'étaient pas en situation de regrouper l'ensemble de la gauche. Les sociaux-démocrates sont prêts à s'inscrire dans une démarche qui est la mienne." En revanche, pas question de réserver à l'ancien Premier ministre un traitement de faveur et une place dans son futur gouvernement. "Je serai le garant du renouvellement des visages, des pratiques." 


Emmanuel Macron "remercie" Manuel Vallspar Europe1fr

#Marine Le Pen. Ils sont tous les deux donnés qualifiés pour le second tour par les enquêtes d'opinion. Et pourraient donc s'affronter. Emmanuel Macron et Marine Le Pen, meilleurs ennemis de la campagne, passent leur temps à s'attaquer l'un à l'autre. "Elle propose de trahir l'histoire, le destin de la France en la ramenant au nationalisme. Moi, je défends une vision patriote de notre pays, c'est-à-dire attachée à son histoire, sa culture, sa langue mais en même temps un débat qui se projette dans l'Europe", explique-t-il. "Je défends un projet patriote là où elle défend un projet nationaliste. Nous avons une vraie opposition que j'assume et je pense qu'elle est structurante dans cette campagne."

#Immigration. Le fondateur d'En Marche! rappelle que "200.000 titres de séjours sont délivrés à des étrangers" chaque année. "Il n'y a pas d'explosion de l'immigration en France, contrairement à ce que dit Madame Le Pen." Il veut réformer le droit d'asile pour "réduire drastiquement, à moins de six mois", de délai d'instruction et de recours sur le droit d'asile. Cela se couple avec une "politique européenne beaucoup plus dure et plus forte de contrôle des frontières" et une reconduite à la frontière "efficace".

#Brexit. Emmanuel Macron est l'un des plus européistes des candidats. Selon lui, le Brexit ne rime pas avec un arrêt des relations avec la Grande-Bretagne. "La France a des relations bilatérales avec [ce pays] sur le sujet de la défense", rappelle-t-il. "Mon souhait, c'est de poursuivre et consolider cette relation. On a besoin d'une Europe de la défense."

#Recomposition politique. "Et de droite, et de gauche", "ni de droite, ni de gauche" : le positionnement d'Emmanuel Macron relève-t-il du flou artistique ? L'ancien ministre de l'Économie revendique une "réconciliation de familles politiques qui, jusqu'alors, n'avaient pas travaillé ensemble". Et pointe une certaine cohérence avec ce qu'il faisait déjà lorsqu'il était à Bercy, à l'époque de sa loi d'activité. "J'avais toute une partie de la gauche qui disait 'vade retro'. Et, de l'autre côté, des gens du centre, des gens de la droite, qui me disaient 'c'est formidable mais vous êtes d'un gouvernement de gauche'. C'est ridicule", argue-t-il. "Nous devons rassembler des femmes et des hommes qui n'ont jamais travaillé ensemble mais ont le même souci d'efficacité et de justice. L'ensemble des réformes dans mon programme aujourd'hui réconcilient la liberté et la protection, l'égalité et la justice."

#Pas comme François Hollande. Emmanuel Macron serait, pour ses adversaires, l'héritier de François Hollande. L'ancien ministre de l'Économie s'attache à balayer cette critique et marquer sa différence avec le chef de l'État socialiste. "J'ai du respect pour le président de la République, pour sa personne et sa fonction, et j'ai de la reconnaissance parce qu'il m'a fait confiance. Nous avons ensuite eu des désaccords profonds. J'ai une démarche profondément différente de la sienne, une personnalité radicalement différente de ce qu'il est."

#Moi président. Quel genre de président sera Emmanuel Macron ? "Engagé", répond le principal intéressé. "Ni sur-actif, ni empêché. Je veux que les termes de la majorité présidentielle, que sa cohérence et son renouvellement soient définies dès à présent parce que c'est la condition pour pouvoir agir. Je ne veux pas être le président du quotidien, de l'anecdote."

Ce président qui "définit des priorités", "fixe un cap, un horizon" et laisse ensuite "le gouvernement l'exécuter" se réserve aussi le droit de "remercier" un ministre s'il n'obtient pas les résultats obtenus. "C'est pour ça que je veux peu de ministres avec beaucoup de responsabilités."

#Priorités. Difficile, en pensant au programme d'Emmanuel Macron, d'identifier immédiatement une réforme forte qui porterait en elle "l'ADN" de sa vision politique. Emmanuel Macron l'assume, souhaitant plutôt lancer "dès le début" de son quinquennat "de grandes réformes" : "simplification du droit du travail, transformation de notre formation professionnelle et continue, transformation de l'école". "L'école et la formation c'est, pour moi, le cœur de la bataille", explique-t-il. "Ensuite, derrière, s'appuyant sur ce premier train de réformes, mon souhait est de relancer très profondément une dynamique européenne. Ce sera la condition de la réussite de la France."


Macron :  "L’école et la formation, c’est pour...par Europe1fr

#Expérience. À 39 ans, Emmanuel Macron est le plus jeune candidat en lice pour la présidentielle. Ce qui, là encore, offre une prise à ses adversaires. "L'âge que j'ai fait que je n'ai pas la même carrière que beaucoup des autres compétiteurs", reconnaît-il. "J'ai pour autant d'ores et déjà une expérience." Et l'ancien ministre de l'Économie de détailler les "crises" auxquelles il a déjà été confronté. "Quand j'étais dans le secteur privé, j'ai eu à connaître la crise financière [Emmanuel Macron est entré à la banque Rothschild au moment de la crise de 2008, ndlr]. Quand j'étais conseiller à l'Élysée j'ai connu la crise de la zone euro et quand j'étais ministre, j'ai vécu des crises sur les entreprises."

#Economies. L'ancien ministre de l'Économie serait-il un panier percé ? Pour certains observateurs, notamment le Coe-Rexecode, son programme, mal chiffré, coûte cher, alors que les recettes sont incertaines. Le candidat à la présidentielle riposte : "leur analyse est factuellement fausse sur mon programme." Selon lui, toutes les dépenses supplémentaires prévues "sont compensées par des baisses de dépenses par ailleurs". "L'Etat baissera l'ensemble de ses dépenses de 25 milliards d'euros durant ce quinquennat", rappelle-t-il. 


Macron : "L’Etat baissera l’ensemble de ses...par Europe1fr

#Retraite. Emmanuel Macron prévoit une réforme des retraites pour créer "un système plus juste et plus transparent". Objectif principal : unifier les "37 régimes différents" qui existent aujourd'hui, notamment sur les modalités de calcul du niveau de pension. "Cela se fera de manière individualisée, lisible, juste, avec un pilotage automatique", promet le fondateur d'En Marche!. 

#Taxe d'habitation. Emmanuel Macron revient sur l'une de ses principales mesures pour favoriser le pouvoir d'achat : la suppression, pour 80% des foyers, de la taxe d'habitation. "C'est l'impôt le plus injuste, qui ne regarde pas les différences de revenu. La taxe d'habitation est injuste sur le plan du territoire. Elle est plutôt faible en métropole, plus élevé dans les villes moyennes, les villes de province", explique-t-il. "Les victimes de cet impôt, ce sont les classes moyennes." L'ancien ministre de l'Économie promet que sa suppression n'engendrera pas de baisse de revenu pour les communes, qui seront compensées par l'État. "L'État paiera à la place des ménages." Et financera cette dépense par les économies prévues par ailleurs.

#Service national. Le retour du service militaire ? Emmanuel Macron prône la création d'un "service national universel" d'un mois. "Il est important de retrouver une sorte de creuset national. Un moment où toute une classe d'âge est réunie et mélangée. Un moment où on reçoit un discours fort sur les valeurs de la République et le rôle de l'armée", estime-t-il. "On pourra y faire un test sur les compétences de base" pour détecter l'illettrisme. "On aura les rudiments du secourisme et une expérience de vie en collectivité tous milieux confondus." L'ancien ministre de l'Économie estime le coût de fonctionnement de cette mesure "entre 1,5 et 2 milliards d'euros tout au plus", puisqu'il compte utiliser au maximum des infrastructures déjà existantes.


Macron sur le service national : "Je propose de...par Europe1fr

#Engagement politique. Son arrivée récente en politique nourrit aussi les critiques de ses adversaires, qui le taxent d'opportunisme. "Mon engagement politique, ce n'est pas parce qu'il est récent qu'il n'est pas durable", se défend Emmanuel Macron. "Ce n'est pas parce qu'il est neuf qu'il est moins intense que d'autres. Je mets mon énergie à faire plutôt qu'à durer, c'est ma grande différence avec d'autres dans cette campagne." Le fondateur d'En Marche! promet en outre de ne pas "abandonner" les 230.000 adhérents que revendique son mouvement. "Je ne les abandonnerai pas dans cette présidentielle, pas pour les législatives. Je ne les abandonnerai pas après."


Macron : "Ça n’est pas parce que mon engagement...par Europe1fr

#Transparence. Régulièrement soupçonné de conflits d'intérêts divers, notamment en raison de son passé de banquier, Emmanuel Macron commence par (re)mettre les choses au clair. "Si j'étais dépendant de quelque intérêt que ce soit, je serais déjà devant le juge. Depuis que je suis entré dans la vie politique, on ne m'a jamais épargné et c'est normal", explique-t-il. "Les forces de l'argent, je les ai connues, je les ai quittées." Alors que l'un des experts ayant participé aux groupes de travail pour élaborer son programme a démissionné après la découverte de ses liens avec les laboratoires pharmaceutiques, le fondateur d'En Marche! assure qu'un "système de déontologie" a été mis en place au sein de ses équipes pour éviter que cela se reproduise. "Nous vivons à une époque de grande transparence, j'y souscris. Ça ne doit pas être non plus l'époque du soupçon permanent."