Suisse : Kouchner scandalisé par le "non" aux minarets

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"C'est une expression d'intolérance et je déteste l'intolérance", a réagi le ministre français des Affaires étrangères.

C'est un coup de tonnerre pour la Suisse, qui compte 400.000 musulmans, mais les retentissements se font entendre lundi dans le monde entier : dimanche, par référendum, les Suisses ont voté à près de 60% l’interdiction de la construction de minarets dans leur pays. Bernard Kouchner s'est dit "un peu scandalisé par cette décision", "une expression d'intolérance". La construction de minarets "n'est pas grand chose. Est-ce que c'est une offense dans un pays de montagnes qu'il y ait une construction un peu plus élevée?", s'est encore interrogé le ministre français des Affaires étrangères sur RTL.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'est déclarée lundi "très préoccupée" par la décision de la Suisse, qui risque "d'encourager des sentiments d'exclusion et d'approfondir les clivages" dans nos sociétés. La Suède a estimé pour sa part que ce référendum relevait d'un "préjugé".

Le grand Mufti d'Egypte, Ali Gomaa, a estimé pour sa part que ce résultat était "une insulte" pour les musulmans du monde entier. La principale organisation musulmane d'Indonésie, le pays qui compte le plus grand nombre de musulmans au monde, a dénoncé lundi un signe de "haine" et d"'intolérance" vis à vis de l'islam. Ces deux responsables religieux ont cependant lancé un appel au calme, tout comme l'imam de la mosquée de Genève, l'une des quatre seules en Suisse a être flanquée d'un minaret, a lancé lundi un "appel au calme". "Les musulmans du monde doivent respecter cette décision, sans pour autant l'accepter", a déclaré l'imam Youssef Ibram.

"J'appelle à une réaction de tous les musulmans, des fidèles de toutes les religions, et de tous les démocrates, au niveau européen, pour s'opposer à ce que ce vote, contraire aux fondements du droit, devienne une loi", a écrit de son côté Kamel Kebtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon.

Des responsables d’autres religions ont aussi dénoncé le résultat de ce référendum. En Suisse, Mgr Felix Gmür, le secrétaire général de la conférence épiscopale suisse, a estimé qu’il s’agissait là d’un "coup dur pour la liberté religieuse [et] pour l'intégration de tous ceux qui viennent en Suisse".