Stéphane Gatignon était l'invité d'Europe Soir mercredi.
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T.M. , modifié à
Sur Europe 1, le maire démissionnaire de Sevran a expliqué mercredi les raisons qui l'ont poussé à abandonner son mandat d'édile.
INTERVIEW

Stéphane Gatignon jette l'éponge. Après 17 ans passés à la tête de Sevran, en Seine-Saint-Denis, l'édile écologiste (UDE), "usé" par le "mépris de l'État pour les banlieues", a annoncé sa démission mardi soir lors du conseil municipal de la ville. "Le déclencheur, je pense que c'est l'affaire de la 'mosquée Daech'", explique-t-il sur Europe 1.

La "mosquée Daech", c'est cette salle de prière, aujourd'hui fermée, située dans le quartier Rougemont, à Sevran, et appelée aussi "mosquée des Radars". C'est en 2014 que le maire de la ville prend connaissance des "prêches violents, radicalisés" qui y sont tenus. "Les musulmans de la mosquée traditionnelle disaient qu'il y avait un vrai problème là. La police et le préfet sont venus. On m'a dit 'On veut de l'information (venant de la surveillance de la mosquée et de ses fidèles, ndlr)', ce que j'ai respecté", raconte aujourd'hui Stéphane Gatignon, qui lui, d'après ses dires, était favorable à la fermeture de cette mosquée.

Il s'est senti "abandonné". En septembre 2016, Bernard de la Villardière, dans le cadre de son émission Dossier Tabou, se rend sur les lieux, murés depuis le mois de mars. Le journaliste a une altercation avec des jeunes Sevranais. Stéphane Gatignon monte au créneau et l'accuse de "jeter de l'huile sur le feu". "Quand il y a eu l'histoire de la Villardière, j'ai eu à l'époque un secrétaire d'État très influent au gouvernement pour lui dire qu'il y avait un problème. Il m'a dit 'Ne t'inquiète pas, tout le monde suivra'. Qu'a dit le préfet ? 'On n'a jamais discuté avec le maire…'. Et d'un seul coup, vous êtes abandonnés. Plus que ça, c'est une perte de confiance", regrette au micro d'Europe Soir l'ex-maire de Sevran, âgé de 48 ans.

Entendu sur europe1 :
Quand il faut se battre contre des moulins à vent, c'est encore plus dur

"Il y a de l'usure, de la fatigue". "Il y a de l'usure, de la fatigue (…). Le quotidien est difficile. Et quand il faut se battre contre des moulins à vent, c'est encore plus dur", lâche-t-il encore, ciblant ainsi "les ministères, l'État, et cette bureaucratie qui ne bouge pas".

La démission de Stéphane Gatignon intervient à quelques semaines de la publication d'un très attendu "rapport Borloo" pour les quartiers, commandé à l'ancien ministre de la Ville par le gouvernement, et que Stéphane Gatignon a déjà qualifié de "plan de la dernière chance". Mercredi, l'association des maires "Ville et Banlieue" a dénoncé dans un communiqué "le burn-out des maires", en proclamant : "Nous sommes tous Gatignon !"