Si les sondages affirment que l'élection présidentielle est déjà pliée, l'affiche du deuxième tour laisse toutefois une curieuse impression. 3:00
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avec David Revault d'Allonnes , modifié à
Si les sondages affirment que l'élection présidentielle est déjà pliée, l'affiche du deuxième tour laisse toutefois une curieuse impression.
EDITO

Avec des attaques de part et d'autres, la confrontation du deuxième tour s’est intensifiée ce week-end. Même si les sondages disent l'élection présidentielle déjà pliée, l'affiche du deuxième tour laisse une curieuse impression, où rien ne se passe comme prévu.

Le tremblement de terre de l'entre deux tours. Ou plutôt rien ne se passe comme d’habitude. Pas de Front républicain face au FN, comme après le 21 avril 2002. À droite, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé votent pour Emmanuel Macron, contre Marine Le Pen. Mais d’autres, comme Laurent Wauquiez, s’y refusent, de peur de perdre des électeurs. À gauche, Jean-Luc Mélenchon refuse d’appeler à voter pour le candidat d'En Marche !. Pas d’union sacrée donc, face à l’extrême-droite : c’est une première en France. Une muraille s’est écroulée, et la secousse est d’autant plus forte que de l’autre côté, une digue est tombée, avec le ralliement de Nicolas Dupont Aignan à Marine Le Pen. Cet entre-deux-tours s'assimile à un tremblement de terre.

 

Le spectre de l'abstention. Quelles conséquences ? Un deuxième tour beaucoup plus serré qu'en 2002, où l'opposition entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen s’était terminée sur 80% à 20%. Aujourd'hui, les sondages prédisent un 60% à 40% en faveur d'Emmanuel Macron. Sans compter une abstention qui s’annonce forte, beaucoup plus forte qu’au premier tour. Des électeurs qui ne sont pas convaincus et pas de dynamique en faveur de l'un ou l'autre : le score pourrait être même encore plus serré.

Le "mondialiste" vs . la "patriote". Pour Emmanuel Macron comme pour Marine Le Pen, c’est l’affiche rêvée. Pour la candidat du Front national, l'ex-ministre de l'Economie est l’adversaire idéal. Le "mondialiste", ainsi qu'elle le surnomme, contre la "patriote" qu’elle veut incarner. Et puis il y a son pedigree : héritier de François Hollande, ancien banquier chez Rotschild et ex-ministre de l’Économie. Le parfait portrait de celui qui incarne le fameux système qu'elle dit combattre. Un thème qu'elle exploite sans retenue dans l'entre-deux-tours, utilisant les termes d'"oligarchie", d'"argent", de "banque" et de "finance". Pour évidemment attaquer son adversaire et récupérer un maximum d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon.

Quid de la stratégie d'Emmanuel Macron ? Le candidat d'En Marche ! joue surtout sur les valeurs de démocratie, de respect et de tolérance, envoyant des cartes postales pour bien rappeler ce qu’est l’extrémisme. Vendredi, il était à Oradour-sur-Glane. Dimanche, il s'est rendu au Mémorial de la Shoah. Mais il veut aussi attaquer Marine Le Pen sur le terrain de la crédibilité et le sérieux de ses propositions, notamment en matière économique. Spécialiste en la matière, l'ex-ministre de l'Économie n'a pas trop de mal à souligner le côté farfelu du programme économique et social de la candidate frontiste. Mais Emmanuel Macron se retrouve confronté à des carences dans l'opinion publique. Par exemple sur la sécurité, autre sujet majeur pour les Français, où il est considéré, selon les sondages, comme moins crédible que sa rivale. 

Le débat d'entre-deux-tours n'a jamais modifié la donne.Le débat télévisé du 3 mai - qu'il a accepté à la différence de Jacques Chirac en 2002 -, sera sans doute musclé, face à Marine Le Pen. Distancée dans les sondages, la candidate du Front national, n'a rien à perdre et risque de taper dur. Son agressivité dans les débats et sa capacité à égratigner ses contradicteurs est connue. Elle l’avait d’ailleurs démontré face à Emmanuel Macron lors du premier débat télévisé à cinq. Mais lui aussi a du répondant, notamment sur le fond des dossiers économiques. Toutefois, il n'est pas certain que le débat révolutionne la physionomie de cet entre-deux-tours. Il faut quand même rappeler une constante de l’histoire des élections présidentielles : jamais un débat d’entre-deux-tours n’a modifié la donne.