Schengen : une "vision à courte vue"

Rétablir les frontières ? une aberration pour le PS, un souhait pour le FN.
Rétablir les frontières ? une aberration pour le PS, un souhait pour le FN. © Maxppp
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avec Cyril Graziani et AFP , modifié à
Le PS critique la volonté de la France de réformer Schengen. Le FN, lui, veut aller plus loin.

La France qui réclame une suspension de l’espace Schengen, le Parti socialiste apprécie modérément. Samedi, Sandrine Mazetier, secrétaire nationale à l'immigration, a estimé cette proposition du gouvernement français, formulée face à l’afflux de migrants venus de Tunisie et de Libye via l’Italie, relevait d’une "vision à très courte vue". "Le rétablissement des frontières internes de l'Union européenne n’est pas une solution", écrit dans un communiqué la députée de Paris, qui appelle à "une réponse concertée de l'Union européenne".

Pour le PS, l’idée venue de l’Elysée "signifierait concrètement le rétablissement d'une frontière et la fin de la libre circulation des personnes, droit fondamental garanti aux citoyens de l'Union européenne depuis vingt ans", selon Sandrine Mazetier, qui juge que "le gouvernement de Nicolas Sarkozy piétine les valeurs de l'Europe et la dignité des personnes en refusant d'y participer".

Invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe1/Le Parisien-Aujourd'hui en France, Dominique de Villepin a, jugé dimanche que le souhait de la France de pouvoir suspendre provisoirement les accords de Schengen de libre circulation des personnes au sein de l'UE, était "une erreur" et "un mauvais signal".

"Ce qui n'a pas fonctionné c'est la solidarité entre la France et l'Italie", a estimé le président de République solidaire. Pour lui, il "faut faire fonctionner Schengen" et "renforcer les moyens humains et technologiques pour éviter que l'Europe ne soit une passoire".

"Suspendre les accords de Schengen, "c'est reporter le problème" :

"Plus lepéniste que Le Pen"

Certains y voient surtout une volonté de récupérer des voix du côté de l'extrême droite. "L’UMP, et le président de la République, et M. Guéant, cherchent une fois de plus à surfer sur un événement de manière à se montrer comme plus lepéniste que Le Pen et plus frontiste que le Front", juge au micro d'Europe 1 Razzy Hammadi,proche de Benoît Hamon. "On est là juste dans l’effet d’annonce autour de thématiques qu’affectionnent maintenant l’exécutif et qui lui permettent, en tous cas il l’espère encore, de récupérer quelques voix qu’il a perdu au profit de l’extrême-droite ou de gens qui ne croient plus en la politique du fait de ses promesses non tenues."

Réaction évidemment opposée au Front national, où l’on préconise, par la plume de Marine Le Pen, ni plus ni moins que "la sortie de l’espace Schengen". "Nous avons la preuve que Schengen est en soi un très grave problème. Il n'est donc plus temps de ‘réfléchir’ et de palabrer. Il faut maintenant agir, très vite", écrit la présidente du FN dans un communiqué. "Face à cette solution, le blabla et l'inaction sarkozystes ne sont qu'une préjudiciable perte de temps", ajoute-t-elle.