Sarkozy : les magistrats dépités

L'Union syndicale de la magistrature (USM), comme le Syndicat de la magistrature, appelle à la poursuite du mouvement de contestation.
L'Union syndicale de la magistrature (USM), comme le Syndicat de la magistrature, appelle à la poursuite du mouvement de contestation. © MAXPPP
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avec François Coulon, Pierre de Cossette et Reuters , modifié à
Les syndicats ont appelé à poursuivre la grève après l’intervention du Président jeudi soir.

Il est au moins une catégorie de population que Nicolas Sarkozy n’a pas convaincue jeudi soir, à l’issue de l’émission Paroles de Français, diffusée sur TF1. Les magistrats, engagés dans une grève des audiences non urgentes depuis une semaine, ont appelés à poursuivre leur mouvement vendredi. Ils ne digèrent toujours pas les propos du chef de l’Etat imputant aux juges des fautes dans l'affaire Laëtitia.

"Une nouvelle provocation"

Loin d’apaiser les magistrats, les propos du président de la République ont plutôt eu tendance à les irriter un peu plus. Notamment quand Nicolas Sarkozy a expliqué qu'il préférait consacrer l'argent aux chômeurs qu'à des magistrats dont il a souligné le "statut", dans une allusion claire à la sécurité de l'emploi ou aux salaires.

"Il a dévié notre propos, nous ne réclamons pas de l'argent pour nous, on réclame juste de l'argent pour fonctionner normalement", a réagi Virginie Valton, vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM). "Je crains que nous ayons assisté jeudi soir à une nouvelle provocation", a déploré de son côté Nicolas Léger, membre du conseil national de l’USM.

"Totalement décevant"

Ce juge a regardé l’émission aux côté de deux de ses collègues à Nantes, d’où le mouvement de contestation est parti. "Je crois que le président de la République n’a absolument pas compris ce qu’il s’est passé dans les tribunaux. C’est tout à fait grave. D’autre part, nier la réalité des problèmes de moyens, c’est totalement décevant", a estimé Marc Fricoteaux, juge nantais des libertés et de la détention.

En guise d’annonce, Nicolas Sarkozy a insisté sur l’accélération de l'introduction, "d'ici l'été", de jurés populaires en correctionnelle, et sur la réforme de la justice des mineurs. Soit deux réformes de structure qui suscitent l'hostilité de la magistrature. En conséquence, l’USM, majoritaire, et le Syndicat de la magistrature ont appelé les magistrats à tenir des assemblées générales pour prolonger le mouvement. Au moins jusqu’à mardi, au lendemain d'un entretien avec le ministre de la Justice Michel Mercier.

Au Tribunal de grande instance (TGI) de Paris, la consigne a été suivie à l’issue d’une assemblée générale réunissant l’ensemble du personnel de la juridiction. "Les magistrats, les fonctionnaires ne vont absolument pas lâcher", prévient Serge Portelli, vice-président du TGI. "Nicolas Sarkozy n’a absolument apporté aucune réponse, malgré la longueur de son discours. Apparemment, on a tous les moyens possibles et imaginables. On en a même plus qu’avant. C’est un peu risible. C’est même assez pitoyable."