Sarkozy : de l"ambition" à "l’autopromotion"

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avec AFP , modifié à
Le discours de Nicolas Sarkozy, et son mea culpa sur la Tunisie, ont suscité de vives réactions.

"Quand on est si proches, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n'a pas toujours le recul nécessaire". C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a commenté lundi, lors d’une conférence de presse tenue à l’Elysée, l’attitude de la France concernant la crise en Tunisie.

Un "mea culpa" qui n’a pas franchement convaincu à gauche. "Le président essaye de se racheter d'une attitude que personne n'a comprise. La France s'est totalement ratée sur la Tunisie", a affirmé lundi Benoît Hamon, en réaction au discours du président de la République. "Le gouvernement français a fait le choix de soutenir Ben Ali au moment où celui-ci réprimait la révolution par des tirs à balles réelles (…) Si Nicolas Sarkozy s'était plus intéressé à ce qui se passait du côté de la Ligue des droits de l'Homme, dans la société civile, il n'aurait pas sous-estimé la situation", a commenté le porte-parole du Parti Socialiste.

Benoît Hamon a également commenté les propos de Jean-François Copé, patron de l’UMP, qui a mis en garde dimanche contre une "radicalisation islamiste" en Tunisie et "l’afflux de Tunisiens en France" qui en résulterait. "Le secrétaire général de l'UMP ajoute au ratage du gouvernement l'indignité de ses déclarations", a-t-il jugé.

"Pas rassurant"

Les propositions économiques de Nicolas Sarkozy n’ont pas rassuré Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS à l’international. "Dans ce monde inquiétant, il n'a pas été rassurant. Sur le G20 et le G8, il s'est contenté de nous dire qu'il y avait un agenda, lui qui auparavant avait fait des déclarations tonitruantes sur la manière dont le monde allait se réorganiser à partir de sa présidence (...) Nous avons eu un tour du monde d'explication de ce qui s'y passait, mais nous n'avons pas vu ce que la France pouvait y faire", a-t-il estimé.

De son côté, Michel Sapin, secrétaire national du PS à l'Economie s’est exprimé en ces termes sur France Inter : "il a été étonnamment modeste, plus modeste en tous les cas dans le ton qu'il n'avait l'habitude de l'être", mais "je pense que ce ton plus modeste, parfois hésitant, parfois même un peu brouillon est plus le reflet des difficultés qui sont les siennes à entraîner, à dialoguer et à trouver des convergences avec les autres grands de ce monde".

Harlem Désir, numéro deux du PS, a dénoncé un "exercice d'autopromotion", craignant que Nicolas Sarkozy "devienne le président des promesses non tenues pour le monde".

De son côté, Marine le Pen, présidente du Front national, a estimé sur LCI que "très clairement Nicolas Sarkozy a assumé la logique mondialiste : il nous a expliqué comment il allait contribuer à renforcer le gouvernement mondial sous la haute autorité d'un certain nombre d'organismes antidémocratiques, technocrates, grâce à toute une série de réunions, de sommets, de colloque, de séminaires, de forums..."

"Un cap ambitieux"

De son côté, Jean-François Copé a salué lundi le "cap ambitieux" fixé par Nicolas Sarkozy pour la présidence française des G8 et G20. Dans un communiqué, le patron de l’UMP a salué « des pistes innovantes, réalistes et crédibles" sur "trois grands chantiers majeurs : la guerre des monnaies, la spéculation sur les matières premières et les défis globaux".

Concernant le problème du prix élevé des matières premières, notamment en Tunisie, Jean-François Copé a commenté : l'UMP "soutient totalement la volonté de faire de la régulation des marchés dérivés de matières premières une priorité, notamment pour les matières premières agricoles soumises à de fortes spéculations qui aggravent le problème de la faim dans le monde".