Sarkozy : comment ils disent avoir tourné la page

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ENTRE LES LIGNES - A l’UMP, tout le monde ne souhaite pas le retour de l’ancien président. Mais impossible de le dire explicitement.

Depuis la sortie téléguidée de Brice Hortefeux sur "la nécessité" de voir l’ancien président revenir sur le devant de la scène, on ne parle plus que de lui. Mais si pour Nadine Morano ou Christian Estrosi, son retour est inévitable, il existe des cadres de l’UMP, et pas des moindres, qui ne voient pas forcément d’un bon œil un retour de l’ancien patron. Mais difficile de le dire à voix haute.

Europe1.fr a donc demandé à Pascal Perrineau, politologue, de décrypter les petites phrases de ses ambitieux qui ne veulent pas le dire.

Xavier Bertrand, le 4 juin sur i>Télé

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"Toutes celles et ceux qui auraient à répondre aux questions posées sur le financement de la campagne présidentielle de 2012, tous ceux-là devaient se tenir à l'écart de la vie du mouvement et du congrès prochain".

>> "C’est un appel à ce que l’UMP retrouve son temps politique et s’éloigne du temps judiciaire, dans lequel elle est plongée depuis des mois. Et il sait que nombre de ces affaires tournent plus ou moins directement autour de Nicolas Sarkozy. C’est une attaque, mais aussi l’expression d’hommes et de femmes qui cherchent à construire un nouvel avenir pour l’UMP".

François Fillon, le 23 avril dans Le Parisien

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"Chirac m'avait dit une fois qu'on ne peut pas être et avoir été".
 
 >> "L’ex-Premier ministre appelle clairement au renouvellement du personnel présidentiel. Sans le dire, c’est aussi une façon de rappeler à Nicolas Sarkozy que, sous la 5e République, aucun président défait n’a réussi à revenir au premier plan. Dit autrement, Fillon convoque la mémoire de Giscard d’Estaing pour se trouver un nouvel espace politique. Car voir un ancien Premier ministre ensuite élu président de la République, ça, ça existe !"

Alain Juppé, le 11 mai au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI,  

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"Il faut approfondir notre action (...) Nous devons également mettre en place le dispositif des primaires".

 >> "Il faut se souvenir qu’Alain Juppé est le fondateur de l’UMP donc les affaires le concernent au premier chef. Il est le plus touché par ce qui arrive à son parti. Cette phrase, c’est donc un rappel aux règles et un moyen de dire à Nicolas Sarkozy qu’il ne pourra esquiver l’exercice de démocratie interne. D’autant que, pour le moment, personne ne sait qui en sortirait vainqueur, comme l’a prouvé un récent sondage. Alain Juppé est devenu un vrai challenger de Sarkozy."

 Laurent Wauquiez, le 6 décembre 2013 dans Sud Ouest

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"Je suis convaincu que 2017 ne peut être la revanche de 2012. On ne peut revenir au pouvoir pour refaire la même chose".

>> "Là, c’est la jeune génération qui s’exprime ! Les quadras cherchent à faire entendre leur voix dans un parti géré par des hommes plus vieux qu’eux. Il estime également qu’il y a un vrai risque de voir en 2017 une réplique exacte de 2012, avec des candidatures de François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et François Bayrou. Ce serait un drame, et il a raison de tirer la sonnette d’alarme. Il veut renouveler le personnel politique et donc, en creux, demander à Sarkozy de passer la main."

Valérie Pécresse, le 1er juin sur BFMTV et RMC

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"Il faut qu'on renonce au moins temporairement à ce mythe de l'homme providentiel. Le culte de l'homme providentiel, ça ne marchera pas dans les trois mois qui viennent".

>> "Elle a raison : la politique a changé. La 5e république a vécu avec ce mythe du pays qui se tourne tout entier vers un homme quand ça ne va pas, mais pour elle ce n’est plus de saison. Nicolas Sarkozy a beaucoup joué de son "providentialisme", et son ancienne ministre lui explique que non, il n’est plus l’homme providentiel de 2007, comme il ne l’était déjà plus en 2012. J’apporte toutefois un bémol à son analyse : l’homme providentiel n’est pas mort, Matteo Renzi en Italie en est la preuve !"

 

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