RSA : Hirsch demande à voir

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avec AFP , modifié à
REACTIONS - L'idée de Marc-Philippe Daubresse suscite des interrogations.

Le père du RSA Martin Hirsch a réagi avec circonspection mercredi à l'idée de Marc-Philippe Daubresse de conditionner le versement du RSA à une journée de travail d'intérêt général par semaine, payée au Smic. Le député UMP a remis mercredi un rapport sur l'insertion au chef de l'Etat. 

"Il faudra être vigilant"

Pour l'ancien ministre des Solidarités actives, la mesure proposée par le parlementaire n'est pas mauvaise en soi mais demande quelques précisions. "De deux choses l'une : soit ces contrats courts viennent se substituer à des contrats plus longs, dans une enveloppe budgétaire fermée, et l'on aura reculé". "Soit ces formules viennent compléter l'offre d'insertion et l'on aidera certaines personnes à retrouver leur place dans le monde du travail", écrit Martin Hirsch sur son blog.

Ce type de contrat a déjà été expérimenté au sein d'Emmaüs Défi, précise par ailleurs l'ancien ministre."Les personnes à la rue commencent par quelques heures, puis une journée, puis progressivement accèdent à un contrait aidé complet. Dans ce sens là très bien. C’est ce que semble suggérer le rapport en précisant qu’une enveloppe supplémentaire puisse être consacrée à ces contrats à temps très partiels. Avant de conclure : c’est là-dessus qu’il faudra être vigilant".

"Une logique de sanctions et d'obligations"

Du côté des associations en charge de la réinsertion, on préfère rester sur ses gardes. "Il y a du positif car on revient dans le cadre du droit du travail", contrairement à la proposition de faire travailler gratuitement, estime Matthieu Angotti, directeur général de la Fédération des associations d'insertion. Le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, avait en effet suggéré en mai de demander aux bénéficiaires cinq heures de service social gratuit par semaine. En revanche, "on est toujours dans une logique de sanctions et d'obligation", regrette-t-il. L'Uniopss (associations sociales) n'est pas non plus contre un assouplissement de la durée des contrats aidés, mais se dit toujours opposée à l'idée de sanctions.

La CGT et le PS ont, eux, des réactions beaucoup plus tranchées. Bernard Thibault estime que "s'il doit y avoir de l'activité, du travail (...), cela doit être rémunéré comme du travail et non pas servir à se réfugier derrière un paravent de solidarité".

"Une vieille nouveauté pas réaliste"

Pour le député socialiste Christophe Siruge, vice-président du groupe PS à l'Assemblée chargé de l'insertion, cette mesure "porte en elle le défaussement du chômage sur les chômeurs" avec comme idée que ces derniers sont "installés confortablement dans un chômage volontaire". Il juge aussi que "cette vieille nouveauté" n'est "pas réaliste". "Même les Anglais, particulièrement allergiques à l'idée d'aide sociale, ont renoncé à ces dispositifs de travail obligatoire par pragmatisme : cela leur coûtait trop cher car ils étaient obligés de créer de faux postes", a assuré le député, se demandant "où Marc-Philippe Daubresse compte trouver les travaux d'intérêt général à effectuer pour ces 150.000 contrats futurs".

Sans surprises, la Droite sociale, club politique de Laurent Wauquiez, s'est félicité de la mesure, estimant que "cette proposition va dans le sens du débat qu'avait initié la Droite sociale il y a quelques mois sur la nécessité de renforcer l'équilibre entre les droits et les devoirs au sein de notre société".