Roms : le recadrage de François Fillon

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avec Jérôme Chapuis , modifié à
Le Premier ministre a appelé "à ne pas instrumentaliser la lutte contre l'immigration".

"Agenda non disponible", pouvait-on lire mardi en fin de journée sur le site du Premier ministre. Les services de François Fillon n’avaient, de leur côté, annoncé aucun événement particulier. Pourtant, en fin d’après-midi, Matignon a fait savoir qu’une réunion venait de débuter autour du chef du gouvernement, en présence de plusieurs ministres, sur le dossier très sensible des Roms.

Une "réunion de travail et de coordination" qui a débouché sur un recadrage. Pour François Fillon, la "lutte contre l'immigration irrégulière" ne doit "pas être instrumentalisée", et ce "de part et d'autre" tient à préciser le chef du gouvernement. "La tradition humaniste de la France va de pair avec le respect de ses lois par tous ceux qui se trouvent sur son territoire", indique encore le communiqué qui aurait été rédigé par le seul cabinet du Premier ministre et dont chaque mot semble pesé.

Une réunion ? "Rien de surprenant"

Au final, François Fillon appelle à agir "avec fermeté, continuité et justice, sans laxisme ni excès". Seule décision concrète : le Premier ministre annonce qu’il va saisir le président de la Commission européenne sur ce dossier.

Autour de la table à Matignon, se trouvaient mardi Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, Pierre Lellouche pour les Affaires européennes, le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice, et Eric Besson, en charge de l’Immigration. Invité d'Europe 1 mardi soir, ce dernier a simplement précisé que cette réunion à Matignon était destinée "à faire le point et à prendre un certain nombre d'initiatives".

"Il n'y a rien de surprenant" à cela, a assuré Eric Besson. "Il n’y a pas de vision différente entre le président de la République, le Premier ministre. Vous savez, il faut rester zen dans la vie politique", a encore insisté Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement.

Des remous à droite

Reste que les mesures gouvernementales d'évacuation des camps illégaux de Roms, après avoir provoqué de nombreuses critiques à gauche, provoquent depuis le début de la semaine des remous au sein même de la majorité. En montant ainsi en première ligne, le Premier ministre s'éloigne au minimum de la ligne dure suivie par certains ténors de l'UMP.

Organiser une réunion à Matignon était aussi une façon pour François Fillon, muet depuis le début de la polémique, de répondre à Jean-Pierre Raffarin qui lui avait demandé mardi matin d’intervenir "pour expliquer les valeurs d'équilibre d'une majorité qui doit avancer avec son cerveau droit mais aussi son cerveau gauche".