Roms : la France épinglée par Bruxelles

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
La Commission européenne a l'intention de déclencher une procédure contre la France.

La politique d’expulsion des Roms menée par la France inquiète de plus en plus les institutions européennes. Après le Parlement européen la semaine dernière, c’est au tour de la Commission européenne de réagir.

Mardi, la Commissaire européenne à la Justice et aux Droits des Citoyens, Viviane Reding, a annoncé son intention de demander l’ouverture d’une procédure d’infraction à la législation européenne contre Paris, pour transposition insuffisante d'une directive européenne sur la libre circulation de citoyens européens, et "application discriminatoire" de ce texte.

Elle a jugé que l’attitude du gouvernement français était "une honte". Elle réagissait en particulier au fait que la France a dissimulé l’existence d’une circulaire ciblant expressément les Roms. Cette lettre, datant du 5 août, a été publiée samedi par le site Internet nantais Le Canard social. Et ce, alors que la semaine dernière, deux ministres français lui ont indiqué que Paris appliquait une autre manière de faire. "Comment la Commission européenne, en temps que gardienne des traités, peut-elle avoir confiance dans les dires officielles de ministres d’un gouvernement avec une telle manière de faire ?", s’est-elle interrogée.

"Je suis très en colère" :

Viviane Reding se dit indignée par l’attitude de la France, "parce qu’ici il ne s’agit pas d’un petit Etat et d’une petite loi. Il s’agit de valeurs fondamentales sur laquelle depuis la Seconde guerre mondiale on a construit l’Europe : plus de déportations en masse, plus de gens qui sont stigmatisés parce qu’ils appartiennent à une race, à un groupe ethnique ou une nationalité. Alors il ne faut pas mettre ça en pièce…

L'"étonnement" de Paris

Le ministère français des Affaires étrangères a exprimé mardi son "étonnement". "Nous avons appris avec étonnement les déclarations de Mme Viviane Reding. Nous ne pensons pas que c'est avec ce type de déclaration que nous pourrons améliorer le sort et la situation des Roms qui sont au coeur de nos préoccupations et de notre action", a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère. De son côté, Jean-François Coppé a rapidement réagi, lors d'un point presse : "Je le regrette beaucoup (...) Je veux croire qu'elle n'ira pas au bout", a-t-il souhaité, en évoquant la procédure de la commissaire.

Vendredi dernier, après une résolution du parlement européen, demandant de "suspendre immédiatement" le renvoi de Roms vers la Roumanie et la Bulgarie, Eric Besson avait répondu très fermement. Parlant d’un "diktat politique", il avait affirmé qu’il n’était "pas question que la France suspende les reconduites dans les pays d’origine" des Roms.