Rififi chez les écologistes

Daniel Cohn-Bendit est allé très loin dans la critique de Cécile Duflot et de ses camarades écologistes.
Daniel Cohn-Bendit est allé très loin dans la critique de Cécile Duflot et de ses camarades écologistes. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Mécontentement face au PS, charge de Cohn-Bendit… L’après-législatives est animé à EELV.

Les sourires qui éclairaient les visages écologistes après les élections législatives sont aujourd’hui crispés. A la veille de la passation de pouvoir entre Cécile Duflot et, sauf surprise, Pascal Durand, au secrétariat national des Verts, la violente charge de Daniel Cohn-Bendit dans Libérationet certains propos venus du partenaire socialiste ont clairement tendu les esprits.

"Le mauvais signal envoyé par le PS"

Balayée donc l’euphorie née de la possibilité, pour la première fois, de créer un groupe autonome à l’Assemblée nationale grâce à leurs 17 élus. La réalité politique, celle qui place le Parti socialiste en position hégémonique dans l’hémicycle, est douloureusement revenue à la figure du parti vert quand Alain Vidalies, ministre socialiste des Relations avec le Parlement, a affirmé mercredi qu'étant associés au gouvernement, les écologistes auraient à l'Assemblée "la liberté d'expression, mais pas la liberté de vote".

La formule n’a pas vraiment plu dans les rangs d’Europe Ecologie-Les Verts. Les parlementaires écologistes lui ont aussitôt écrit pour protester, dénonçant une négation de "l'esprit qui a prévalu à l'accord législatif" de novembre. Jean-Vincent Placé est également monté au créneau, jugeant dans leJDD.fr ces propos "discourtois, méprisants et inappropriés". "C'est un très mauvais signal, et l'expression d'une dérive de la Ve République et du fait majoritaire", a déploré le sénateur EELV.

Le même Jean-Vincent Placé s’est également élevé contre le remplacement de Nicole Bricq à la tête du ministère de l’Ecologie lors du dernier remaniement. "C'est le seul portefeuille qui a changé, c'est quand même un drôle de message", a-t-il déploré jeudi sur Europe 1. "Alors qu'elle s'était très bien installée depuis un mois, qu'elle connaît très bien les questions de l'écologie, qu'elle était déjà très appréciée des associations et des ONG, je ne comprends pas très bien quel est le signal envoyé. C'est donc le premier bémol que je mettrais au gouvernement Ayrault", a précisé le sénateur EELV.

L’"oukase" de "Dany"

Ajoutant à l'embarras suscité par le comportement du PS, l’attaque venue de l’intérieur, de l’icône Daniel Cohn-Bendit, n’en est que plus violente. Le cofondateur d'EELV a déploré que les "succès institutionnels ne (soient) pas accompagnés, bien au contraire, d'une dynamique citoyenne". "Notre image est devenue détestable" et, "aujourd'hui, nous incarnons souvent l'insoutenable légèreté de l'arrivisme", a-t-il dénoncé, jugeant que "le plus détestable a été la course aux maroquins ministériels" avec une Cécile Duflot en "chef de clan". On ne saurait être plus clair.

La seule à avoir pour l’instant réagi n’est autre qu’Eva Joly. La candidate écologiste à l’élection présidentielle (2,31%) avait pourtant brillé par son absence ces dernières semaines.  Réagissant depuis le sommet de l'ONU sur le développement durable à Rio, l’ex-juge d’instruction a souhaité que "Dany" arrête ses "oukases" et "s'engage plus", lui qui n'a "pas été très présent cette dernière année", a grincé l'ex-candidate à l'Elysée. Ambiance…