Régions et sécurité : "une équation impossible"

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TROIS QUESTIONS A - Jean-Luc Bœuf, spécialiste des collectivités locales, assure, alors que sécurité et lutte contre le terrorisme son au coeur de la campagne des régionales, que les Régions n’ont pas de marge de manoeuvre en la matière. 
INTERVIEW

La campagne des élections régionales, suspendue après les attentats du 13 novembre, reprend peu à peu ses droits. Avec comme thèmes principaux la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Mais que peuvent faire concrètement les Régions en la matière ?
La réponse est très simple : rien ! C’est la réponse brutale, il faut la mâtiner en fonction des trois grandes compétences de la Région que sont les transports, la formation et l’éducation professionnelle. Dans chacun de ces trois domaines, le Conseil régional se tournera vers ses interlocuteurs, que sont la SNCF, l’Etat et les organismes de formation, mais elle ne pourra rien faire seule.

Passé ce constat, que peuvent faire les candidats ?
Ils peuvent promettre justement de tout faire pour travailler avec ses futurs interlocuteurs, pour assurer la sécurité dans les transports ou dans les lycées, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur des établissements. Mais d’une part ils seront soumis à l’approbation de la SNCF ou des rectorats, c’est-à-dire l’Etat, d’autre part cela pourra s’avérer très coûteux. La Région va réclamer, et elle devra payer si on accède à ses demandes. Or, elle n’a aucune marge de manoeuvre financière. En réalité, c’est une équation impossible.

Les Régions peuvent aussi décider de subventionner telle ou telle association de prévention ou d’aide aux jeunes à la dérive…
On peut compter sur la ruse des élus pour le faire, mais au sens strict, les Régions n’ont pas de compétence en termes de prévention. Depuis la suppression de la clause générale de compétence, qui donnait aux instances locales une marge de manoeuvre, il faut bien comprendre que les collectivités territoriales ne peuvent agir que dans les domaines de compétence que la loi leur confie. En outre, l’ordre de grandeur des sommes allouées aux subventions est de 1 ou 2% pour les associations. Si les Régions décidaient de supprimer des aides à des associations culturelles ou des festivals pour privilégier la sécurité ou la prévention, cela pourrait devenir médiatiquement intéressant …