Réfugiés : comment Hollande veut convaincre l'Europe

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David Doukhan et B.B , modifié à
Le président français multiplie les contacts avec ses homologues européens. Car il a une stratégie en tête.

François Hollande sera jeudi soir à Modène pour un dîner de travail avec Matteo Renzi. Puis le président français sera mardi soir à Londres avec David Cameron. Pour trouver une solution à la crise des migrants, le chef de l'Etat a repris son bâton de pèlerin. Il souhaite un accord global afin que l’Union européenne sorte de la crise la tête haute. Mais comment faire ? Avec quels arguments ?

Hollande veut du temps pour convaincre. François Hollande appelle ça "la stratégie des boutons de chemise" : un bouton après l’autre pour débloquer l’indéblocable. Mercredi soir, il parlait avec Angela Merkel, qui veut déclencher d’urgence un conseil européen. Il lui a demandé d’attendre. Pour le président français, ce conseil, certes, il faudra le faire, mais le plus tard possible. François Hollande veut du temps pour convaincre. Et ça commence jeudi soir avec Matteo Renzi.

Les rapatriements, une condition italienne. Du point de vue français, le président du Conseil italien doit bâtir - enfin - des centres d’accueil pour faire le tri entre migrants économiques et réfugiés. Matteo Renzi est d’accord sur le principe, mais à condition que le raccompagnement des migrants économiques soit garanti. François Hollande s’engagera donc à ce que les reconduites soient effectives. Les rapatriements, c’est la clé. Sans cela, il n’y aura pas de centres d’accueil et donc pas d’accord.

Mardi prochain, le dîner aura cette fois lieu à Londres. Le président français expliquera à son homologue britannique David Cameron que son opinion publique a changé de pied et qu’il doit donc accueillir plus de monde. L’objectif de François Hollande, c’est de trouver une solution globale début octobre au plus tard, puis d'organiser un conseil européen juste derrière pour acter l’accord.

"Les migrants, ça peut faire exploser l’Europe". Quant aux pays de l'Est - qui ne veulent rien entendre et n’accueillir personne -, le dialogue est coupé. Il n'y a eu aucune discussion ces derniers jours entre François Hollande et le Hongrois Victor Orban. Mais le moment venu, on leur rappellera que la solidarité, c’est l’Europe, et que sans cela, il n'y a plus d'Europe. La petite phrase de Manuel Valls, mercredi, sur l’éventualité de fermer les frontières, donne un argument supplémentaire au président français, car cela signifierait la fin de l’Europe. Et dans ce cas, ce ne sont pas les pays les plus forts qui en souffriront le plus… En juillet, François Hollande disait à ses proches : "la Grèce c’est dur, mais on va y arriver. Par contre les migrants, ça peut faire exploser l’Europe".