Réforme du Travail : Emmanuel Macron prêt au bras de fer avec les syndicats

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Le président de la République reçoit mardi l’ensemble des syndicats pour préparer la réforme du code du Travail. Un premier contact à haut risque, d’autant que le candidat Macron s’était montré très véhément avec les syndicats.

"Ce n'est pas la CGT qui est au deuxième tour de la présidentielle, ce n'est pas la CGT qui va présider le pays". Cette phrase d’Emmanuel Macron, lâchée en pleine mêlée avec des militants cégétistes, à Albi en fin de campagne, résume l’état d’esprit du président de la République. Il veut aller au carton, à la confrontation. Il ferraille avec les syndicats : on l’a vu avec les représentants des salariés de Whirlpool à Amiens. Le chef de l'Etat assume le bras de fer, il le joue, le met en scène.

Un face à face les yeux dans les yeux. Mardi, les leaders syndicaux ont été priés de venir seuls pour un tête à tête avec le Président, pas en délégation. Il n’y aura ni le Premier ministre, ni la ministre du Travail. Les yeux dans les yeux, Emmanuel Macron va dire jusqu’où il veut aller, ses interlocuteurs vont lui indiquer leurs lignes rouges. Ensuite, ce sera au Premier ministre et à la ministre du Travail de mener les négociations, avec les yeux sur le chronomètre, car le président veut aller vite.

Un appel au pragmatisme. Le risque c’est de clore les négociations avant de les avoir ouverte, et que les syndicats repartent furieux de l’Elysée. Il serait bon, par exemple, de ne pas se tromper sur le prénom de Philippe Martinez comme le conseiller de l’Elysée qui l’a appelé vendredi pour lui donner rendez-vous. Au-delà de l’anecdote, il faut éviter de braquer les syndicats au premier contact. On a bien compris qu’Emmanuel Macron est sans illusions sur la possibilité d’un agrément de la CGT, mais avec la CFDT, avec FO, il va aborder la discussion en en appelant au pragmatisme.

Il leur a reproché pendant la campagne d’être trop politisés, à l’image de Nicolas Sarkozy qui les avaient appelés "à déposer le drapeau rouge pour servir la France", Emmanuel Macron va tenter de les associer autour d'un objectif : la relance de l’emploi.

Le passage en force, une méthode explosive ? Au milieu de ces discussions, les ordonnances sont un faux problème. Les syndicats l’ont déjà intégré. François Mitterrand, en 1981, y avait eu recours pour la semaine de 39 heures, la cinquième semaine de congés payés ou la retraite à 60 ans, ses réformes les plus sociales. Ce qui compte, c’est le contenu. L’un des points potentiellement explosifs c’est le plafonnement des indemnités aux prud’hommes qu’Emmanuel Macron avait échoué à faire inscrire dans le texte définitif de la loi El Khomri et qu’il remet aujourd’hui dans le jeu.