"Référendum" pour l'unité de la gauche : et maintenant ?

Pierre Laurent et Emmanuelle Cosse, patron des communistes et des écologistes.
Pierre Laurent et Emmanuelle Cosse, patron des communistes et des écologistes. © BERTRAND GUAY / AFP
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Jean-Christophe Cambadélis veut conclure un "pacte de fraternité" avec ses alliés de gauche. Ces derniers s'y refusent.

"C'est le top, pas le flop !" Jean-Christophe Cambadélis avait le sourire, dimanche soir, au moment de commenter les résultats du "référendum" du PS pour l'unité de la gauche aux régionales. Avec 251.327 votants entre vendredi et dimanche et près de 90% de "oui" - et malgré de nombreux ratés -, le premier secrétaire du PS a sauvé les apparences. Reste désormais  à savoir ce qu'il compte faire de cette initiative.

Cambadélis se frotte le ventre, mais… Le patron du PS avait annoncé l'organisation de ce référendum le 19 septembre dernier. Objectif avoué : convaincre les autres partis de gauche de faire l'alliance avec le PS au premier tour des régionales, une impérieuse nécessité, particulièrement en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et PACA, où les écologistes ont fait alliance avec le Parti de gauche, au risque selon lui de laisser le Front national l'emporter. Sauf que si "Camba" s'enorgueillit de "la participation" et de la "médiatisation" de son opération, il a encore du pain sur la planche avant de convaincre les états-majors des autres partis.

"Je vais discuter avec eux". Le Premier secrétaire du PS a donc annoncé dimanche soir une nouvelle initiative en direction des communistes et des écolos : leur proposer (une nouvelle fois) l'union dès le premier tour, et la conclusion d'un "pacte de fraternité", qui s'articulera  autour de la défense de leur bilan commun, de la mobilisation contre la droite et l'extrême droite et de la définition d'une stratégie commune. Une main tendue que Jean-Christophe Cambadélis explique ainsi : "certains savent qu'ils partent à la bagarre avec le risque de passer sous la barre des 5%. Ils ne seront pas présents dans l'hémicycle. Ceci les interpelle et je vais discuter avec eux".

Olivier-Dartigolles

"Cette consultation crépusculaire était à côté de la plaque". La discussion risque toutefois d'être de courte durée. Contacté par Europe 1, Olivier Dartigolles, porte-parole du parti communiste - mais aussi tête de liste du Front de gauche en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (photo) – rejette catégoriquement l'offre du patron du PS : "Si Cambadélis veut convoquer l'une des trois valeurs de la République - la fraternité - alors qu'il s'adresse à ceux qui sont sidérés par l'action du gouvernement ! Il se trompe d'interlocuteur. Il devrait plutôt s'intéresser à ceux qui sont à l'origine de la division de la gauche", tacle Olivier Dartigolles, estimant en plus que "cette consultation crépusculaire était à côté de la plaque et ne fait que renforcer la crise de confiance du politique.

"Sa lettre va partir directement à la poubelle !". Dans les rangs écologistes, on est sur la même longueur d'ondes. La secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse a ainsi parlé d'un "coup politique" dont les Français se "foutent".

 

Et David Cormand, secrétaire national adjoint d'EELV en charge des élections, également contacté par Europe 1, ne dit pas autre chose quand il parle "d'un positionnement tactique pour tenter de culpabiliser les électeurs de ne pas voter PS dès le premier tour. C'est un coup qui pourrait se retourner contre lui car les électeurs ne sont pas dupes."

Quant à la lettre que Jean-Christophe Cambadélis entend envoyer à toutes les têtes de liste de gauche, Olivier Dartigolles l'attend de pied ferme : "elle va partir directement à la poubelle !" L'unité, c'est pas pour maintenant.