Rapport : chacun y trouve son compte

Le rapport de la Cour des comptes, présenté lundi par son président Didier Migaud,  pointe des failles à droite et à gauche, mais tout le monde y trouve son compte.
Le rapport de la Cour des comptes, présenté lundi par son président Didier Migaud, pointe des failles à droite et à gauche, mais tout le monde y trouve son compte. © MAXPPP
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REACTIONS - Droite et gauche trouvent satisfaction dans l’audit de la Cour des comptes.

Entre 39 et 43 milliards d’euros. C’est la modique somme que doit trouver le gouvernement, pour parvenir à son engagement de réduire le déficit public à 3% du PIB d’ici 2013, selon le très attendu rapport de la Cour des comptes rendu public lundi. Au milieu de ce diagnostic des comptes publics de 250 pages, ni la droite, ni la gauche n’est épargnée.

Nécessité de rabotage sec des niches fiscales, de relancer la croissance, ardoise de plus d’1,2 milliard d’euro laissée par la droite… Parmi les constatations, certaines vont en effet dans le sens de ce qu’avance le nouveau gouvernement. Et d’autres, donnent raison à l’ancienne majorité : l’ardoise de la droite est jugée "raisonnable" et facilement ajustable, l’effort de réduction du déficit de l’ancien gouvernement est "reconnu", la nécessité d’augmenter la TVA est soulignée…

Pourtant, droite et gauche semblent entièrement se satisfaire de ce rapport, qui conforte selon elles leur politique et constitue un désaveu pour l’adversaire. Tour d’horizon des réactions.

Une validation du bilan de Sarkozy, selon l’UMP... 

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Le rapport est un "quitus de bonne gestion pour Sarkozy", selon Copé. Le patron de l'UMP, Jean-François Copé, estime que la Cour des comptes a donné lundi, de manière "très claire", "un quitus de la bonne gestion" des finances publiques lors du quinquennat Sarkozy.  Et que "le mythe de l'ardoise cachée" brandi par la gauche est désormais "cassé".

"Depuis cinq ans la gauche a essayé en permanence de dire que tout était de la faute de Nicolas Sarkozy et de notre majorité. Or la Cour des comptes, autorité indépendante, présidée par Didier Migaud, ancien parlementaire socialiste, vient de casser le mythe", martele le secrétaire général de l'UMP lors d'une conférence de presse. Selon lui, le message contenu dans l'audit publié lundi par la juridiction financière est une "incitation à poursuivre la baisse des déficits et de le faire, non pas par des augmentations d'impôts, mais par des baisses de dépenses publiques".

Pas la faute de la droite, mais bientôt celle de la gauche, pour Juppé. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, insiste, lui aussi, sur le fait  qu'il est "tout à fait faux" d'avancer que l'économie française est en situation difficile à cause du précédent gouvernement. La Cour "a certifié les comptes de la France au titre de 2011 et écrit noir sur blanc que des efforts très significatifs de réduction des déficits avaient été faits", a-t-il noté. "Si aujourd'hui la croissance est en berne, le chômage augmente, bien sûr, ce n'est pas la faute du nouveau gouvernement, pas encore, mais il n'a pas su créer le climat de confiance qui permettrait de rebondir. Aujourd'hui, les investisseurs sont inquiets, on annonce des mesures fiscales tous azimuts et ceci ne fait qu'aggraver la situation", tacle-t-il par ailleurs.

Moscovici "vil" et "indigne", pour Christian Jacob. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, en a rajouté une couche, voyant dans le rapport "un démenti cinglant aux propos ridicules, vils et indignes" du ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, qui a déclaré dimanche : "la droite n’a rien foutu pour réduire le déficit".

Pécresse y voit un satisfecit de Sarkozy, un avertissement pour Hollande. L'ex-ministre UMP du Budget, Valérie Pécresse, trouve elle aussi son compte dans le rapport, le considérant comme "un satisfecit pour Nicolas Sarkozy et un sérieux avertissement pour François Hollande".  "Le 1,5 milliard d'aléas budgétaires laissé par la droite, Didier Migaud le dit lui-même : c'est un aléa limité, et qui peut très bien être compensé par la réserve de précaution de 4 milliards que nous avions constituée", argumente l'ex-ministre. En revanche, elle juge que ce rapport est un "sérieux avertissement à François Hollande, car celui-ci "a annoncé 20 milliards" de dépenses nouvelles et "a rendu l'équation budgétaire insoluble".

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De son côté, la nouvelle majorité soutient, elle aussi, que le rapport valide sa politique. Et le gouvernement est bien parti pour s'en servir comme argument afin de soutenir ses futures mesures.

Les trois fautes de la droite, par Bruno Le Roux. "Le rapport de la Cour des comptes est un nouveau désaveu pour l'ancienne majorité. Sa première faute est de n'avoir rien fait pour endiguer le surendettement du pays qui atteint le chiffre record de 90% du PIB, rétorque de son côté Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée. Sa deuxième faute est d'avoir étouffé notre développement économique en conjuguant des plans d'austérité à répétition avec le gaspillage de cadeaux fiscaux aux plus fortunés. Sa troisième faute est d'avoir engagé des dépenses sans en assurer leur financement. "

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"Le rapport confirme nos analyses", se réjouit Matignon. "L'audit de la Cour des valide les mesures et orientations du gouvernement en matière de réduction du déficit", s’est félicité Matignon dans un communiqué. "Le rapport confirme nos analyses : la situation des finances publiques laissée par le précédent gouvernement rend nécessaire une action déterminée de redressement. Il est indispensable de relancer la croissance pour enrayer la progression du chômage", insiste les services du Premier ministre.

Pour parvenir à cet objectif, des "efforts" sont nécessaires, reconnait toutefois Matignon. "Cet effort sera particulièrement marqué au début de la législature et sera équilibré en dépenses et recettes sur la période. Il y aura des mesures de justice fiscale: les contribuables les plus aisés et les plus grandes entreprises participeront ainsi davantage à l'effort collectif. Les classes populaires et les classes moyennes seront préservées", promet Matignon. "Parallèlement, la dépense sera maîtrisée", concluent les services de Jean-Marc Ayrault.