Racisme anti-blanc : le FN crie au plagiat

"Le cynisme de cet homme est sans aucune limite et en matière de revirements électoralistes, il a bien appris de Nicolas Sarkozy", a taclé Marine Le Pen à propos de Jean-François Copé.
"Le cynisme de cet homme est sans aucune limite et en matière de revirements électoralistes, il a bien appris de Nicolas Sarkozy", a taclé Marine Le Pen à propos de Jean-François Copé. © REUTERS
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Fabienne Cosnay , modifié à
Le FN dénonce le "cynisme" de Jean-François Copé, qui reprend l’expression à son compte. 

En dénonçant dans son livre à paraître Manifeste pour une droite décomplexée le "racisme anti-blanc" qui sévirait dans certaines banlieues françaises, Jean-François Copé reprend une expression utilisée à plusieurs reprises par le Front national. Ce que n'a pas manqué de dénoncer Marine Le Pen. Jugeant cette reprise "hallucinante", la présidente du FN ne cache pas sa colère dans Le Monde. "Pendant cinq ans au pouvoir, l'UMP de M. Copé a totalement nié ce racisme, hurlant avec les loups contre le Front national qui, seul, a eu le courage de le dénoncer et de réclamer qu'il soit poursuivi. Le cynisme de cet homme est sans aucune limite et en matière de revirements électoralistes, il a bien appris de Nicolas Sarkozy", accuse la présidente du parti d'extrême droite.

"Personne n'est propriétaire des mots"

Face à ces accusations de plagiat, Jean-François Copé a nié toute récupération des thèses du FN. "Personne n'est propriétaire ni des mots, ni des idées", a-t-il soutenu, lors du point-presse hebdomadaire de son parti. "Nous nous sommes toujours opposés et nous nous opposerons toujours à une alliance électorale avec le FN. Mais pour autant, et je le dis avec la même force, cela ne nous empêchera pas de traiter les sujets qui engagent, qui concernent, qui indignent, qui exaspèrent, qui inquiètent les Françaises et les Français", a-t-il ajouté.

Comme un air de déjà vu

Quitte à utiliser le champ lexical du FN. Car l'expression "racisme anti-blanc" a été utilisée plusieurs fois par l'extrême droite ces dernières années, comme l'a relevé Le Lab. Le 30 avril 2010, Bruno Gollnisch parle sur son blog "du développement dans notre pays du racisme antiblanc". En mai 2011, Jean-Marie Le Pen évoque "quelques relents de racisme anti-blanc", alors qu'on l'interroge sur la composition de l'équipe de France de football. Un an plus tard, en pleine campagne des législatives, Marine Le Pen emploie à son tour cette expression. Invitée de l’émission Questions d’info, la présidente du FN s'en prend à Christiane Taubira, la jugeant "totalement incapable de lutter contre l’explosion du racisme anti-blanc" tout comme le PS et l'UMP. Marine Le Pen demande alors "la création d’une loi contre le racisme anti-blanc".

Marine Le Pen dénonce "l'explosion du racisme-anti-blanc" :

Marine Le Pen veut une loi contre le racisme...par LCP

Un même argumentaire : la "vérité" contre les médias

Au-delà de l'expression "racisme anti-blanc", l'argumentaire utilisé par Jean-François Copé ressemble étrangement à celui utilisé par la présidente du Front national. "Je sais que je brise un tabou en employant le terme de 'racisme anti-blanc' mais je le fais à dessein, parce que c'est la vérité que vivent certains de nos concitoyens et que le silence ne fait qu'aggraver les traumatismes", assure Jean-François Copé dans son livre. En mai 2012, Marine Le Pen était sur le même registre : "Sale blanc, face de craie, etc., c’est ce que vivent des millions de nos compatriotes tous les jours, abandonnés par les pouvoirs publics parce qu'idéologiquement, il faut nier cette réalité".

Enfin, l'un comme l'autre ciblent au passage la responsabilité des médias, tout du moins les médias nationaux, accusés d'être bien-pensants. "Ces phénomènes sont impossibles à voir depuis Paris, dans les sphères médiatiques et politiques où la grande majorité des dirigeants sont des Français blancs de peau, nés de parents français", écrit encore le secrétaire général de l'UMP dans son livre. Toujours en mai 2012, dans Questions d'infos, la présidente du FN s'emportait face aux journalistes qui la questionnaient sur la réalité d'un racisme anti-blanc en France : "Allez dans les banlieues, bon sang, descendez un peu, sortez de vos plateaux de télévision".