Qui sont ces Marcheurs remontés contre le fonctionnement du parti de Macron ?

Le parti d'Emmanuel Macron est contesté par une partie de sa base militante.
Le parti d'Emmanuel Macron est contesté par une partie de sa base militante. © JOEL SAGET / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Des militants de base estiment que les cadres de La République en Marche ne sont pas assez à l'écoute de leurs adhérents.

Ne leur dîtes pas qu’ils sont dissidents ou frondeurs, encore moins qu’ils ne soutiennent plus Emmanuel Macron. Les "Marcheurs en colère", un collectif qui revendique plus de 6.700 membres à l’heure où ces lignes sont publiées, sont pourtant remontés contre leur parti et sa direction. La raison ? Selon eux, La République en Marche n’aurait plus un fonctionnement assez "démocratique". C’est en tout cas ce que quatre d’entre eux ont expliqué à Matthieu Chauzy et Houda Khammari, deux responsables des structures territoriales du parti, qui les ont reçus mardi.

"Seigneuries locales". Au premier rang des plaintes émanant des marcheurs déçus, figure la question des investitures aux législatives. Une partie des marcheurs de la première heure, ceux qui étaient déjà présents quand Emmanuel Macron était encore ministre de l’Économie de François Hollande, s’estiment lésés par rapport à des convertis de dernière minute ou des candidats contestés localement. "On a constaté des dérives : des parachutages ou la sélection de personnes non fiables, qui pourraient avoir des problèmes avec la justice", expliquait samedi au FigaroTiphaine Beaulieu, porte-parole de ces mécontents.

Et l’adhérente finistérienne de regretter mardi dans Le Parisien l’emprise des "seigneuries locales" sur le parti. "On a réellement cru au renouvellement du paysage politique, mais il y a une négation de ce qui se passe dans les territoires", poursuit auprès d’Europe1.fr l’enseignante en sciences et techniques du médical et du social. Parmi les propositions transmises à la direction de La République en Marche, le collectif préconise notamment l’élection d’un référent départemental directement par les adhérents, avec un mandat de trois ans renouvelable une fois.

Main de fer. Certes, la gronde n’est pas tout à fait nouvelle : le collectif a été créé fin mai, après l’élection d’Emmanuel Macron, et plusieurs candidatures macronistes dissidentes avaient déjà été déposées aux législatives. Certes, ces 6.700 marcheurs mécontents paraissent bien peu nombreux face aux 375.000 adhérents affichés de La République en Marche après sa première convention nationale, qui a eu lieu samedi. Mais le collectif ne revendiquait que 34 membres le 28 mai et 300 au 14 juin, contre 30 fois plus un mois plus tard. Un chiffre qu’Europe1.fr n’est d’ailleurs pas en mesure de confirmer. Rien ne dit par ailleurs que le mouvement va s’essouffler, alors qu’Emmanuel Macron et ses proches ont décidé de garder une main de fer sur la majorité présidentielle.

"Point mort". Ce contrôle s’exerce surtout sur le groupe REM, dont le Canard enchaîné révèle mercredi le très strict "règlement intérieur" : outre la menace d’une exclusion en cas d’une double absence à la réunion de groupe, soumise à la confidentialité, les règles prévoient de déférer devant le bureau du parti un député qui co-signerait une proposition de loi ou un amendement venu d’un autre groupe parlementaire. Cette étroite mainmise commence également à être critiquée au sein-même des rangs des parlementaires REM. "C’est un copier-coller des règles du groupe PS", peste ainsi un député REM auprès de Marianne, mercredi. Pour les Marcheurs en colère, cette "vieille" manière de faire de la politique ne passe pas : "La déception est à la hauteur de l’engagement. On n’est pas encore en marche arrière, mais on est au point mort", résume à Europe1.fr Tiphaine Beaulieu, qui prévient : "Aujourd’hui, le collectif régule des gens qui sont en colère, et qui pensent aller en justice."