Quelle place pour le Parti pirate ?

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ZOOM - S'il a peu de chance d'entrer à l'Assemblée, il espère se faire entendre.

Le Parti pirate va-t-il confirmer l'essai ? Après avoir mené campagne pour les élections législatives de 2009, les "pirates" français partent une nouvelle fois à l'abordage de l'Assemblée. Forts du succès du Parti pirate allemand - qui a recueilli près de 9% des suffrages aux élections régionales de septembre dernier - les candidats français aux législatives espèrent à leur tour marquer les esprits.

Pour ce faire, plusieurs Assemblées générales ont été organisées depuis octobre dernier afin d'étendre les revendications du parti et de voter un programme commun. Ces rencontres se sont accompagnées d'une importante mobilisation sur Internet. "Nous avons lancé un site de campagne pour préciser nos idées et pour recruter des candidats aux élections législative", explique Maxime Rouquet, l'actuel président du mouvement français, interrogé par Europe1.fr.

Résultat : le nombre d'adhérents a triplé en quelques mois, passant de 200 à 600 militants. Une croissance qui permet au Parti pirate de présenter 101 candidats dans toute la France, en particulier en Île-de-France, en Alsace, en Rhône-Alpes et en Midi- Pyrénées, régions où ses militants sont les plus actifs. "Un tutoriel a été réalisé pour aider les candidats à engager des démarches pour se présenter. Une grille de forfait a également été mise en place. Elle indique aux candidats ce qu'ils peuvent financer avec un budget de campagne de 300-400 euros", précise Maxime Rouquet.

Des revendications pas prioritaires

Créé dans le sillon du Parti pirate suédois, le mouvement français a vu le jour en 2006, en plein débat sur la loi DADVSI (droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information). Mais c’est surtout le projet de loi Hadopi de 2009 qui a permis de mettre en lumière les revendications du Parti pirate.

Les Français, comme les Allemands ou les Suédois, défendent ainsi l’assouplissement des droits d’auteur, la protection de la vie privée des citoyens, la légalisation du téléchargement, mais aussi la lutte contre les monopoles privés et la transparence des institutions. Des thèmes jusqu'à présents non prioritaires chez les Français. Selon un récent sondage de TNS Sofres, l’emploi et le chômage, suivis par la santé et la qualité des soins, sont les premiers thèmes de préoccupation des Français.

"Un contexte pas favorable"

Mais Maxime Rouquet assure que les électeurs sont très réceptifs aux thèmes de campagne qu'il défend. "Nos revendications enthousiasment les électeurs. Même s'ils ne vont pas forcément voter pour nous ils soutiennent notre démarche contestataire et défendent certains de nos thèmes de campagne", raconte cet ingénieur informatique freelance de 26 ans, interrogé par Europe1.fr.

Pour Jean-Daniel Levy, directeur du Département politique et opinion à l'institut de sondage Harris Interactive, les thématiques mises en avant par le Parti pirate "ne sont pas suffisamment marquantes" aux yeux des Français "qui attendent des mesures sociales". "Le contexte n'est pas favorable au Parti pirate. En ce moment les Français souhaitent construire et non pas être dans la protestation permanente. L'aspect très libertaire de leur programme n'est pas en cohérence avec l'image que les Français se font d'un parti politique", analyse le directeur du département politique et opinion à Harris Interactive.

Conscient de cette lacune à séduire un grand nombre d'électeurs, le Parti pirate a lancé en mai dernier un clip de campagne mettant en avant des thèmes plus porteurs, comme la lutte contre le fichage abusif, l'indépendance de la Justice ou encore l'ouverture des données publiques.

"Le principal, c'est qu'on parle de nous"

Maxime Rouquet tient toutefois à préciser que l'ambition du Parti pirate à court terme n'est pas d'avoir des élus à l'Assemblée mais "de faire connaître le Parti pirate et ses thèmes de campagne". "Le principal, c'est qu'on parle de nous et de nos idées", abonde Raphaël Durand, candidat dans la neuvième circonscription de Haute - Garonne et porte-parole de la section Midi-Pyrénées, fondée à l'été 2011.

"On veut être reconnus par les autres partis et pas que par les informaticiens", renchérit Raphaël Isla, candidat sur la 1e circonscription de Haute-Garonne et ingénieur support en informatique. "On n'a pas vocation à diriger, mais à aider la prise de décision sur les sujets du numérique, à apporter une expertise. On n'est ni de droite, ni de gauche, mais pragmatiques", souligne-t-il.

Selon Jean-Daniel Levy ce positionnement du Parti pirate l'empêche d'avoir un poids politique ne serait-ce qu'à l'échelle locale. "Sans leader, sans projet global, le Parti pirate ne pourra pas s'inscrire durablement dans le paysage politique Français. En France, on vote pour un parti politique qui a une véritable projection dans le futur", tranche Jean-Daniel Levy.

L'échéance des élections de 2014

Le parti Pirate a pourtant des ambitions pour les futures échéances électorales. Le mouvement mise en effet sur les élections européennes de 2014, dont le mode de scrutin proportionnel est plus favorable aux petites formations et pour lesquelles les Parti pirates européens présenteront un programme commun, rapporte FTVi. Et Maxime Rouquet d'espérer : Cette élection devrait nous permettre de défendre nos revendications à une plus grande échelle."