Quelle légitimité pour la société civile au gouvernement ?

Agnès Buzyn, Élisabeth Borne et Françoise Nyssen : trois ministres issues de la société civile au sein du gouvernement Philippe.
Agnès Buzyn, Élisabeth Borne et Françoise Nyssen : trois ministres issues de la société civile au sein du gouvernement Philippe. © Montage via AFP
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Thibaud Le Meneec
Prévu dans quelques jours, le remaniement est l'occasion pour Wendy Bouchard et ses invités de revenir sur le rôle des ministres sans expérience politique au sein du gouvernement Philippe, depuis un an et demi.

Ils étaient inconnus du grand public il y a un an et demi et les voilà dans le grand bain de la politique au quotidien. Mais alors que le gouvernement tarde à être remanié, après une succession de crises pour l'exécutif, les ministres de la société civile ont-ils un poids politique suffisant pour mener à bien leur action ? Wendy Bouchard et son équipe ont débattu du sujet dans Le Tour de la question, mercredi matin, sur Europe 1.

Les experts, "chacun dans son champ".  "C'était un des points structurants de l'approche d'Emmanuel Macron : 'on va donner aux experts le soin de réformer le pays, ce que les alternances politiques n'ont pas réussi à faire'", rappelle Michaël Darmon, éditorialiste d'Europe 1. D'un côté, ces nombreux experts aux profils peu ou pas politiques (environ 40% des membres du gouvernement Philippe II) évoluent dans un contexte "où il y a moins de jalousie que dans les précédents gouvernements", analyse-t-il. "Avant, quand un ministre arrivait quelque part, il regardait immédiatement dans le prochain remaniement où il pouvait aller. Aujourd'hui, Muriel Pénicaud ne veut pas être Jean-Michel Blanquer, qui ne veut pas être Agnès Buzyn. Ils ont chacun leur champ."

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

"En revanche, quand les difficultés arrivent, il y a un poids politique qui est plus faible", tempère l'éditorialiste. On a bien vu quelques épisodes où il y avait tout d'un coup un sentiment de solitude du président de la République, qui n'était pas défendu par des équipes pour monter au créneau autour de lui. C'est aussi cette dimension qui va certainement être corrigée dans le prochain remaniement."

Un autre profil politique à Beauvau ? Un remaniement qui pose la question épineuse du remplacement de Gérard Collomb au ministère de l'Intérieur, l'un des plus importants de la machine gouvernementale. Faut-il remplacer l'ancien maire de Lyon, rompu au jeu politique, par un expert ou un fonctionnaire ? "C'est un ministère très compliqué car il gère les policiers, les gendarmes, les pompiers et l'administration", juge Franck Louvrier, ancien conseiller en communication de l'Élysée sous Nicolas Sarkozy, également invité du Tour de la question. "Parfois, il ne faut pas comme patron le meilleur des fonctionnaires, mais il faut un patron politique, qui vienne défendre son action. Aujourd'hui, qui peut défendre médiatiquement la politique de l'Intérieur ? Plus personne !", raille le vice-président Les Républicains du Conseil régionale des Pays de la Loire

"Il lui faut des poids lourds". Pour l'élu LR, les limites de la société civile ont été atteintes : "On nous expliquait qu'en fin de compte, on pouvait gérer le pays de façon différente avec des gens qui ne sont pas professionnels. [Emmanuel Macron] voit bien qu'il lui faut des poids lourds, qui ont de l'expérience et qui sont enracinés." Le président de la République fera-t-il appel à un membre de la société civile ou nommera-t-il quelqu'un de plus aguerri politiquement, à Beauvau et dans les autres ministères concernés par le remaniement ? La réponse sera connue après vendredi soir, date à laquelle le chef de l'État rentre d'Arménie.