Quel avenir pour Nicolas Sarkozy ?

Le 16 juin au plus tard, Nicolas Sarkozy sera susceptible d'être convoqué par un juge, comme tout autre citoyen.
Le 16 juin au plus tard, Nicolas Sarkozy sera susceptible d'être convoqué par un juge, comme tout autre citoyen. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Le président sortant devrait prendre ses distances avec la politique. Et il va perdre son immunité.

Le 15 mai, au plus tard, Nicolas Sarkozy ne sera plus président de la République. A partir de cette date, le président sortant redeviendra, selon son expression, "un Français parmi les Français". Si le flou demeure sur les activités futures de ce citoyen pas tout à fait lambda, une chose est sûre : il devrait prendre ses distances avec la politique. En revanche, le monde judiciaire pourrait se rapprocher de lui.

Le 8 mars dernier, Nicolas Sarkozy avait affirmé sur BFMTV qu’il arrêterait la politique en cas de défaite. Dimanche soir, moins d’une heure après la proclamation de sa défaite, il l’a à nouveau laissé entendre. "Je resterai l'un des vôtres, je partage vos idées, je partage vos convictions. Vous pourrez compter sur moi pour les défendre, mais ma place ne pourra plus être la même après 35 ans de mandat politique", a-t-il lancé à ses sympathisants réunis à la Mutualité. "Après 10 ans, mon engagement dans la vie de mon pays sera désormais différent", a-t-il insisté, solennel.

 Avant même l'annonce des résultats, Nicolas Sarkozy avait d'ailleurs prévenu son camp qu'il ne s'engagerait pas dans la bataille des élections législatives. "Je ne mènerai pas cette campagne", a-t-il déclaré devant des responsables de l'UMP, en présence notamment de son épouse Carla Bruni-Sarkozy.

Des questions sur la campagne de 2007

Si les activités du futur ex-président ne sont pas encore connues, son avenir pourrait bien être marqué par les affaires judiciaires. Dès le 16 juin, soit un mois après la fin de son mandat, Nicolas Sarkozy redeviendra un justiciable comme les autres, ainsi que le stipule l’article 67 de la Constitution. Dès lors, il pourra être convoqué et entendu par un juge, comme tout citoyen. Or, son nom est apparu dans plusieurs affaires, plus ou moins récentes.

C’est ainsi le cas de l'un des volets de la tentaculaire affaire Bettencourt, qui porte sur des soupçons de financement illégal de la campagne électorale de 2007 du chef de l’Etat. Cette affaire a été relancée par l'incarcération, le 23 mars, de Patrice de Maistre, l'ex-conseiller financier de Liliane Bettencourt. Nicolas Sarkozy a démenti toute irrégularité.

D’autres accusations, toujours sur le financement de sa campagne de 2007, lancées en 2011 par le fils du colonel Kadhafi, Saïf Al-Islam, ont par ailleurs ressurgi entre les deux tours. Le site Mediapart a publié un document controversé attribué à un ex-homme de confiance de Kadhafi, faisant état d'un "accord de principe" conclu en 2006 et portant sur 50 millions d'euros. Nicolas Sarkozy a parlé d'"infamie" et porté plainte pour "faux" et "publication de fausses nouvelles" contre le site Internet. Lequel a riposté en déposant une plainte en dénonciation calomnieuse contre le président sortant.

Un habitué des come-backs

Enfin dans l'affaire Karachi, les juges enquêtent sur un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole, par le biais de rétrocommissions présumées versées dans le cadre de contrats d'armement "Ca fait bientôt 17 ans. Est-ce que vous imaginez que s'il y avait quoi que ce soit à reprocher à M. Balladur, on ne l'aurait pas trouvé ?", relevait en octobre 2011 Nicolas Sarkozy, qui était en 1995 également ministre du Budget.

Et s’il sort indemne d’éventuels ennuis judiciaires, difficile d’imaginer Nicolas Sarkozy loin de la chose publique. Certains de ses proches sont d’ailleurs sceptiques. "S’il est battu de très peu, il est très légitime" pour reprendre les rênes de l’UMP, avait estimé l’homme d’affaires Alain Minc sur Europe 1. En outre, l’homme est un habitué des come-backs. Nicolas Sarkozy a en effet su se ressaisir après la défaite d’Edouard Balladur en 1995 et après l’échec cinglant aux européennes de 1999. Et rien, après tout, dans la Constitution ne l’empêche de concourir une nouvelle fois à l’investiture suprême.