PS : l'électorat de Bayrou au coeur des discussions

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Administrator User , modifié à
Ségolène Royal a invité François Bayrou à répondre à sa main tendue, assurant qu'elle souhaite un dialogue clair et transparent avec le candidat de l'UDF à qui elle ne veut poser aucun ultimatum. La candidate socialiste s'est entretenue mardi matin avec Jacques Delors, l'ancien président de la Commission européenne, considéré comme le plus centriste des socialistes.

Ségolène Royal a tenu mardi matin à Paris une réunion de travail avec l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, figure de la social-démocratie citée en exemple durant la campagne par François Bayrou avec le président du conseil italien, Romano Prodi, appelé à participer à un meeting de la candidate socialiste. A la sortie de cet entretien, Jacques Delors n'a pas fait de longue déclaration. Il a simplement expliqué qu'il était venu pour une "séance de travail" et qu'il approuvait "la démarche d'ouverture de Ségolène Royal". La candidate socialiste a pour sa part précisé qu'elle avait parlé institutions, Europe et emploi avec l'ancien président de la Commission européenne. "Maintenant, c'est à François Bayrou de prendre ses responsabilités et de dire comment il voit l'organisation de ce débat", a-t-elle ajouté, précisant : "J'ai quelques idées mais j'attends sa réponse". "Je ne fais sur lui ni pression, ni ultimatum, c'est à lui de voir à quel moment il peut me répondre mais je crois qu'il faut que les choses aillent maintenant assez vite." Outre ces signes d'ouverture consentis au centre, les pressions à gauche s'accentuent, dans la douceur, envers le président de l'UDF. Ainsi, Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), juge-t-il dans Le Figaro que François Bayrou "a tout intérêt à ce que Ségolène Royal" soit élue s'il "veut ancrer sa sensibilité dans le paysage politique". Dans Le Nouvel Observateur, c'est le député socialiste européen Pierre Moscovici qui se dit "persuadé" que, "dans l'urne", François Bayrou "déposera un bulletin Ségolène Royal". "Dans sa conscience, un électeur du centre ne peut pas se reconnaître dans le projet de Nicolas Sarkozy. En bonne logique, François Bayrou non plus", souligne-t-il. "Il faut s'adresser à tous pour bâtir les éléments de la future majorité présidentielle, construire les conditions d'un rassemblement. Les législatives se joueront ensuite sur cette base", explique-t-il. Les élections législatives des 10 et 17 juin sont la clé à droite de tractations qui ne veulent pas dire leur nom. Après avoir donné des gages à l'UDF, comme la promesse d'un gouvernement d'ouverture, l'UMP manie désormais la menace par la voix de François Fillon, présenté comme l'un des favoris pour Matignon si Nicolas Sarkozy est élu. Si le président de l'UDF se range du côté de l'UMP, alors "nous aurons un accord électoral pour les élections". Sinon, "l'UMP présentera des candidats dans toutes les circonscriptions" (577), prévient-il. André Santini, député UDF des Hauts-de-Seine rallié à Nicolas Sarkozy, précise dans Le Figaro qu'une douzaine de députés centristes sont d'ores et déjà prêts à suivre le candidat de l'UMP. Pris en tenaille, François Bayrou devrait faire connaître ses intentions mercredi lors d'une conférence de presse. S'il veut rester fidèle à sa stratégie du "ni droite ni gauche" éprouvée durant la campagne, il se voit contraint à la neutralité.Frédéric Frangeul (avec Reuters)