Profanation de Herrlisheim : par amour de l'ordre nazi

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Emmanuel Rist, considéré comme le principal acteur et l'inspirateur de la profanation du cimetière juif de Herrlisheim-près-Colmar (Haut-Rhin) en 2004, s'est justifié lundi par sa fascination pour "l'ordre et la discipline" de l'Allemagne hitlérienne.

Ils ont agi dans la nuit du 29 au 30 avril 2004, une date symbolique, celle de l'anniversaire de la mort d'Adolphe Hitler. Trois hommes âgés d'une trentaine d'années répondent depuis lundi matin de la profanation du cimetière juif de Herrlisheim dans le Haut-Rhin. Ils sont soupçonnés d'avoir tracé à la peinture rouge des croix gammées et des inscriptions antisémites et nazies sur 117 tombes et d'avoir laissé des drapeaux nazis dans les allées du cimetière. Cet acte de profanation, le plus important en France de ces dernières années, avait suscité une vive émotion. Les responsables de cet acte appelés à la barre forment un trio atypique composé de deux jeunes qui affirment s'être laissés entraîner par le troisième prévenu.

Emmanuel Rist, considéré comme le principal acteur et l'inspirateur de cette profanation, a justifié ce acte par sa fascination pour "l'ordre et la discipline" de l'Allemagne hitlérienne. "L'état d'esprit que j'ai aujourd'hui n'a strictement rien à voir avec l'état d'esprit que j'avais au moment des faits", a-t-il précisé en préambule devant le tribunal correctionnel de Colmar. L'homme de 37 ans aux cheveux et à la barbe courte qui comparaît tout habillé de noir a pourtant du mal à assumer l'idéologie qui l'animait. "Ca n'a rien à voir avec le nazisme", dit-il à propos de la collection de drapeaux nazis, de croix gammées, d'ouvrages de propagande nationale socialiste ou de ce portrait de Hitler dont il s'est aujourd'hui débarrassé. Quant à la profanation de Herrlisheim-près-Colmar, c'était "juste pour passer dans le journal". "Il n'y avait pas de message", assure cet ancien agent de sécurité.

Ses deux co-prévenus, tous deux employés à l'époque dans l'entreprise de sécurité où il était agent de maîtrise, affirment s'être laissés entraîner, expliquant leur état d'esprit de l'époque par leur haine de la "racaille". "Ce sont des gens qui ne travaillent pas, qui ne s'intègrent pas, qui foutent le bordel", a expliqué Laurent Peterschmitt, 28 ans, en réponse à une question d'Elisabeth Mehl, la présidente du tribunal correctionnel de Colmar. "El les gens qui profanent les cimetières, vous en pensez quoi ?", poursuit cette dernière. "C'est contradictoire, ce que je pense et ce que j'ai fait. Je me demande comment j'ai été aussi con pour faire une chose pareille" réagit le jeune homme. Laurent Boulanger, 27 ans, assure que Hitler ne "représente rien" pour lui. "Je n'ai jamais été fort en histoire", explique-t-il.