Primaire Les Républicains : comment ils se démarquent

Alain Juppé et François Fillon, deux candidats à la primaire des Républicains. L'un plaide pour le mandat unique, l'autre met son départ de la politique dans la balance.
Alain Juppé et François Fillon, deux candidats à la primaire des Républicains. L'un plaide pour le mandat unique, l'autre met son départ de la politique dans la balance. © AFP
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PETIT PLUS - Les candidats à la primaire des Républicains rivalisent d’imagination pour tenter de se démarquer de leurs rivaux, sans toutefois trop prendre de distance avec les idées de leur formation. 

Ils sont tous de droite, ils sont tous membres du même parti, et pourtant ils sont adversaires. Les 20 et 27 novembre - dates officielles depuis vendredi - les candidats à la primaire des Républicains se soumettront au vote des militants et sympathisants pour savoir lequel aura le redoutable honneur de concourir à l’élection présidentielle de 2017. L’échéance peut sembler loin, mais la bataille a déjà commencé. Et comme tout ce beau monde n’est, dans l’ensemble, pas loin d’être d’accord sur les grands principes, concernant l’économie ou la sécurité par exemple, chacun cherche à sortir du lot avec des propositions originales. Exemples avec les trois candidats déclarés et deux prétendants potentiels

Fillon annoncera ses ministres… ou se retirera

Discret pendant plusieurs mois, François Fillon est désormais de retour sur le devant de la scène. L’ancien Premier ministre a sorti de sa besace, vendredi sur RMC, quelques propositions pas banales. Ainsi, il a annoncé que s’il était élu à la primaire, il annoncerait pendant la campagne présidentielle une partie de son gouvernement. "Je veux que les Français sachent qui sera le Premier ministre et qui seront les deux ou trois ministres les plus importants qui auront en charge les grandes réformes", a déclaré le député de Paris.

Il a aussi fait cette "terrible" annonce, au moins pour ses soutiens : si par malheur il était battu, alors c’en serait fini de la politique. "Je considère aujourd’hui que j’ai quelque chose à apporter avec un projet de rupture. Si je ne suis pas suivi sur cette question, qu’est-ce que j’ai d’autre à apporter à la vie politique française ? Rien. Donc je quitte la politique", a-t-il déclaré, avant d'insister : "Pour l’instant, je suis plutôt dans l’idée d’être élu".

Toujours dans la même interview, François Fillon a affirmé qu’il ne ferait qu’un mandat s’il était élu à la présidence. Une idée qu’il a reprise à Alain Juppé.

Juppé : Un mandat et des quadras

Mauvais camarade, François Fillon. Car l’idée du mandat unique est bel et bien, originellement, celle d’Alain Juppé. C’est la parade qu’a trouvée le maire de Bordeaux aux critiques, récurrentes, sur son âge. "Je pense que ça me donne une liberté. Parfois on se dit que les hommes politiques sont surtout préoccupés de leur réélection. Et bien dans ce cas, ce sera différent", avait-il contré dès juillet sur BFMTV, ajoutant avec humour : "sauf progrès spectaculaires des biotechnologies qui me permettraient de remplacer mon cerveau, mon cœur et tous les organes."

Autre originalité pour le septuagénaire Alain Juppé : il ne s’entoura que de jeunes. C’est du moins ce qu’il a affirmé mercredi lors d’un déplacement à Metz. Interrogé sur la possibilité de prendre Nicolas Sarkozy dans son gouvernement, l’ancien Premier ministre a répondu : de toute façon, je ferai un gouvernement de quadras.

Mariton : l’anti-sarkozysme primaire

Tous ne portent pas Nicolas Sarkozy dans leur cœur, tous lui glissent, de loin en loin, un petit tacle bien senti, mais un seul ose la critique ouverte, frontale, radicale : Hervé Mariton. Il faut dire que le député de la Drôme pèse dans les 2% de voix potentielles, selon les sondages, et a vraiment besoin d’exister. Alors il se lâche. "Aujourd'hui quand je regarde à droite, c’est quoi la meilleure chance pour François Hollande d’être réélu ? C’est d’avoir face à lui Nicolas Sarkozy, tout le monde comprend bien cela. Et le peuple de droite ne le veut pas", a-t-il lancé le 5 janvier sur France 2. "Le meilleur service que Nicolas Sarkozy puisse rendre - doive rendre - à sa famille politique, et je respecte Nicolas Sarkozy, c’est de ne pas être candidat aux primaires (sic), pour ne pas être candidat demain aux présidentielles (sic)" parce que pas grand monde en France n’a envie de continuer à avoir François Hollande comme président. "

En décembre, au lendemain des élections régionales qui avaient vu la droite l’emporter dans sept régions seulement, Hervé Mariton avait attaqué bille en tête. "C'est l'échec de Nicolas Sarkozy qui, d'évidence, n'est pas crédible comme représentant d'alternance après avoir lui-même échoué. Les Français le lui avaient signifié en 2012", avait jugé le député de la Drôme sur Public Sénat.

Le Maire : le candidat qui n’est pas encore candidat

Il écume les plateaux télé, squatte les micros de radios, avance ses pions, mais non, Bruno Le Maire n’est toujours pas candidat à la primaire. Pour exister, l’ancien ministre de l’Agriculture adopte une tactique : faire durer le suspense. Et tant pis si, de suspense, il n’y a point. Nul ne sait quand il va officiellement se lancer, alors tous les médias, à l’affût du scoop, le sollicitent. Malin, et plutôt efficace. Même si la lassitude guette. D’autant que les signaux envoyés sont parfois grossiers. Ainsi, jeudi, il a inauguré son QG de (non-)campagne, entouré de ses (non-)soutiens.

Morano : la surenchère permanente

Depuis son éviction de la liste Les Républicains pour les régionales dans le Grand Ouest, Nadine Morano n’a qu’une envie : se mêler à la bataille. L’ancienne ministre de l’Apprentissage s’y prépare, sans trop s’avancer, car elle sait qu’elle aura du mal à obtenir les parrainages nécessaires (20 députés, 250 élus de 30 départements différents, 2.500 adhérents). En attendant, le chantre de "la France pays de race blanche", multiplie les phrases choc, histoire de ne pas sombrer dans l’oubli.

Au sujet des terroristes, elle a ainsi affirmé vendredi sur LCP qu’ils méritaient "le peloton d’exécution". Début décembre, elle faisait part de son souhait, dans Le Parisien, d’étendre la déchéance de nationalité pour "les femmes en burqa". Et le 7 janvier dernier, un an jour pour jour après la tuerie de Charlie Hebdo, elle n’hésitait pas à dézinguer l’hebdomadaire satirique. "Je n'ai jamais été Charlie Hebdo et je ne serai jamais Charlie Hebdo. Je ne l'ai jamais acheté et je ne l'achèterai jamais", lâchait-elle sur France Info. N’en jetez plus.