Primaire à droite : la fronde gagne

Sarkozy n'est pas fan de la primaire socialiste, Accoyer si.
Sarkozy n'est pas fan de la primaire socialiste, Accoyer si. © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
L'un dit "non", l'autre "oui" : Sarkozy et Accoyer s'opposent sur l'opportunité d'une primaire à droite.

Des députés séduits par l'idée, une majorité agacée par le succès du PS, et puis, l'hypothèse a fini par diviser au plus haut sommet de l'Etat. Mardi, l'opportunité d'une primaire à droite est devenue la nouvelle bombe à retardement de l'UMP.

Acte I : Sarkozy critique la primaire socialiste

Tout a commencé en début de matinée, lors d'un petit déjeuner de la majorité, quand Nicolas Sarkozy a cru écarter définitivement l'idée d'une primaire dans son camp, confiant à ses fidèles qu’un tel dispositif est "contraire à l’esprit de la Ve République". 

"La Ve République ne peut être l'otage des partis politiques et le candidat à la présidentielle, pris en otage par son parti. Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours", a ainsi insisté le chef de l'Etat avant d'asséner : "les socialistes s'occupent des socialistes, nous devons nous occuper de l'ensemble des Français". Fin de non recevoir. 

Mais, quelques heures plus tard, un autre haut personnage de l’Etat : le président UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, prenait à son tour la parole et contredisait ouvertement le président.

Acte II : Accoyer souligne son manque de modernisme

Le système des primaires ne concerne pas en 2012 la majorité, dont le candidat naturel "est le président sortant", a d'abord assuré Bernard Accoyer, concédant que "les primaires présentent toutefois l'avantage - pour un parti de gouvernement qui n'est pas représenté par le président de la République, ce qui est la situation actuelle du Parti socialiste - d'éviter la multiplication des candidatures et d'éviter une situation comparable au 21 avril 2002".

Le président de l'Assemblée s’est, ensuite, fait plus acerbe, soulignant à demi-mot le manque de modernisme du président : "c'est vrai qu'il y a une certaine distance entre les primaires et l'esprit qui a prévalu à la réforme de 1962 lorsque de Gaulle a voulu que le peuple français élise le président de la République, mais il faut faire avec le temps, l'évolution de la société, et surtout avec les crises qui conduisent les idées populistes et démagogiques à impressionner les électeurs et à déséquilibrer le jeu d'une démocratie réaliste", a-t-il lâché.

"Nous sommes en train de vivre une évolution de la Ve République, avec deux cas de figure : un président (qui ne peut faire que deux mandats consécutifs depuis la réforme voulue par le président Sarkozy, ndlr), où le candidat naturel de la majorité est le président lui-même, et l'autre cas, du parti de gouvernement challenger, qui a plusieurs personnalités qui veulent être candidats, et dans ce cas de figure, personnellement je pense que le mécanisme des primaires finira par s'imposer en France", a-t-il martelé rejoignant donc François Fillon, qui, la semaine dernière, avait plébiscité la primaire, y voyant "un processus moderne qui convient à droite comme à gauche, pour toutes les grandes élections".

Acte III : cacophonie à l'UMP

Le sénateur UMP Alain Fouché, proche de Jean-Pierre Raffarin, a, dans la foulée, carrément écrit au Premier ministre pour lui demander d'inscrire dans la Constitution le principe de primaires.

Depuis, la ligne défendue par l'Elysée est critiquée jusque dans les rangs du gouvernement. "C'est une vraie connerie. On a le sentiment que, dans l'entourage du président, certains n'ont pas mesuré ce que ces primaires ont représenté. Ils sont en décalage", a déploré un ministre.

"D'autant que l'organisation de primaires, certes limitées aux militants UMP et non pas "ouvertes", est inscrite noir sur blanc dans les statuts du parti présidentiel."Tout le monde sait qu'on devra y passer mais les conversions sont plus ou moins faciles", conclut un responsable UMP.