Pressé par les nationalistes, Emmanuel Macron dévoile mercredi sa stratégie pour la Corse

Macron, Corse, Jean-Guy Talamoni, Gilles Simeoni crédit : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP - 1280
Le discours d'Emmanuel Macron sur ses projets pour la Corse est très attendu mercredi (image d'archives de mardi) © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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avec AFP
Pour son deuxième jour de visite en Corse, le discours d'Emmanuel Macron est très attendu sur les moyens financiers accordés à l'île, mais aussi et surtout le statut de la Corse au sein de la République française.

Au second jour de sa visite en Corse, Emmanuel Macron va dévoiler mercredi sa stratégie pour l'avenir de l'île, attendue avec impatience par les dirigeants nationalistes qui réclament des pouvoirs accrus.

Un discours sous pression. Le chef de l'État doit prononcer un discours en milieu d'après-midi devant plusieurs centaines de personnes rassemblées dans un centre culturel à Bastia. Ont été invités les maires, mais aussi les deux hommes forts de l'île, l'autonomiste Gilles Simeoni, qui dirige l'exécutif, et l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, à la tête de l'Assemblée de Corse. Ces derniers ont discuté mardi soir durant plus de deux heures avec Emmanuel Macron à Ajaccio, sans faire aucune déclaration à la sortie. 

Dynamiser l'économie locale. À Bastia, le chef de l'État "s'exprimera sur les sujets qui intéressent surtout les Corses, à savoir le développement économique de leur île", a-t-on indiqué dans son entourage. Il pourrait ainsi annoncer des mesures pour dynamiser l'économie locale, qui souffre de sous-investissements chroniques et de la faiblesse du tissu industriel.

La Corse est de ce fait "la région la plus touchée par la pauvreté monétaire", avec "un ménage sur cinq vivant sous le seuil de pauvreté", selon l'Insee. Il s'agit notamment de donner une suite au plan d'investissements de deux milliards d'euros lancé en 2002 par le Premier ministre Lionel Jospin pour faire rattraper à l'île son retard en infrastructures. Ce programme s'achève en 2020.

Des déclarations attendues sur l'autonomie de la Corse. Mais, au-delà de ces annonces, Emmanuel Macron est très attendu sur le volet politique, sous la pression des nationalistes. Ils réclament une autonomie encore plus élargie que celle dont bénéficie la Corse, en s'appuyant sur leurs victoires successives aux élections de ces dernières années.

Ils demandent en particulier que la Corse fasse l'objet d'une "mention spécifique" dans l'article 74 de la Constitution, qui détaille le statut des collectivités d'Outre-mer, à l'instar de la Nouvelle-Calédonie. Cela afin, selon eux, d'obtenir de nouveaux pouvoirs dans les domaines du foncier, de la fiscalité ou de la langue. Mais à Paris, la piste privilégiée est plutôt celle d'un renforcement de l'article 72, celui des collectivités locales, qui leur permet de déroger au droit commun à titre expérimental. 

Ni statut de résident ni amnistie. Dans son discours, Emmanuel Macron pourrait également répondre aux revendications des nationalistes sur un statut de résident et sur la co-officialité de la langue corse, deux demandes qui n'ont pas de chances d'être satisfaites en l'état. Le président a en outre exclu mardi toute amnistie pour la dizaine de prisonniers que les nationalistes appellent "politiques", car ils ont été condamnés pour des faits de terrorisme.

Un rapprochement des prisonniers. Des avancées pourraient en revanche être annoncées pour rapprocher en Corse des prisonniers détenus sur le continent. "Que votre enfant puisse voir son père, que les personnes qui sont détenues dans notre pays puissent voir leur famille, ça fait partie des choses que nous allons assurer", a répondu Emmanuel Macron à l'épouse d'Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac il y a 20 ans.