Présidentielle : quel candidat a réalisé la meilleure campagne ?

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David Revault d'Allones , modifié à
Notre éditorialiste David Revault d’Allones analyse les campagnes des onze candidats à la présidentielle. 
EDITO

A une semaine du premier tour, les onze candidats à la présidentielle tentent désormais de convaincre les électeurs indécis. Une dernière ligne droite qui pourrait faire bouger les lignes, alors que les sondages annoncent un vote très serré le 23 avril prochain. Mais lequel des candidats a réalisé la meilleure campagne ? Notre éditorialiste David Revault d’Allones livre son analyse.

  • NATHALIE ARTAUD

Rigide. Par rapport à l'autre camarade trotskiste, Philipe Poutou très remarqué, Nathalie Artaud a forcément été un ton en dessous. Moins décontractée, plus crispée sur les fondamentaux marxiste. Tournant parfois en boucle sur ses arguments. Bref on n’est pas converti, enfin pas encore. On se demande toujours pourquoi la France reste le seul pays au monde qui compte deux candidats trotskystes. Et encore, la dernière fois, il y en avait trois…

  •  FRANCOIS ASSELINEAU

Des problèmes de digestion politique. Il a avalé toute la constitution. Et il la recrache de façon indigeste. On l’a vu au débat télévisé ou il a passé son temps à réciter les articles de la constitution et leurs alinéas. C’est le seul candidat à soutenir le Brexit. Souverainiste radical, Son programme, c’est : sortie de l’Euro, de l’OTAN, bref de tout… En attendant, ce sera bientôt la sortie d’Asselineau , crédité d’environ 1% dans les sondages.

  • JACQUES CHEMINADE

Le plus surréaliste, le plus improbable des candidats. Le plus étonnant, c’est que c’est un habitué des campagnes présidentielles : il l’a déjà été en 1995 et 2012. Lui aussi, comme d’autres avant lui, il a désigné la finance comme son ennemi, mais la ressemblance s’arrête là. En 2012, une de ses propositions, c’était de coloniser Mars. Et en 2017, il a expliqué qu’avec treize ans d’avance, il avait prévu la crise financière de 2008. Bref, incontestablement le plus extraterrestre des candidats.

  • NICOLAS DUPONT AIGNAN

Suspense pour le plus gros des petits candidats. La dernière fois, en 2012, il avait obtenu 1,79 % des suffrages exprimés. Cette fois, il est mesuré à 4%... Son pari, c’était de siphonner les électeurs de François Fillon dégoûtés par les affaires… Est-ce que ces électeurs vont revenir au bercail des Républicains ou choisir Dupont Aignan ? That is the question. Mais surtout l’enjeu pour le candidat souverainiste, c’est de faire 5% pour obtenir le remboursement de ses frais de campagne. On verra dimanche s’il a touché le jackpot.

  • FRANCOIS FILLON

La résurrection après le chemin de croix. Je ne dis pas ça parce que c’est dimanche de Pâques, mais Fillon y croit. D’ailleurs il n’y avait que lui qui y croyait, ou presque. Après une campagne en forme de calvaire pour cause d’affaires, le candidat de la droite est loin d’être enterré. Et puis sa victoire surprise à la primaire lui autorise tous les espoirs. Lui qui déjà à l’automne dernier était enterré par tous, et qui a gagné par 66% des voix. Alors l’histoire ne se répète pas. Mais Fillon est persuadé qu’un miracle reste possible. C’est peut-être pour ça qu’il a assisté à une messe, ce dimanche matin.

  • BENOIT HAMON

La descente aux enfers. Mesuré à 17 ou 18% des intentions de vote après sa victoire à la primaire, Benoit Hamon a dilapidé son capital. En se perdant dans des négociations d’appareil. Et puis il a vu Mélenchon prendre tranquillement l’ascendant et le large, pendant que ses petits camarades socialistes le poignardaient consciencieusement avant de filer chez Macron. Bref, le cauchemar. Et ce n’est pas fini : vu comme c’est parti, Hamon pourrait finir sous la barre des dix. Et là, c‘est règlements de compte à Ok Solferino.

  • JEAN LASSALLE

Rustique. Un parfum de Pyrénées, Une touche de nature dans ce monde de brutes. Le candidat berger a incontestablement surpris par son naturel. Cet ancien proche de François Bayrou a pris son envol. Le problème, c’est qu’il ne faut pas qu’il s’envole trop haut. Mais de toute façon, on continue à se demander, lui aussi, comme les autres, ce qu’il fait là.

  • MARINE LE PEN

Étrange campagne que celle de la candidate du Front national. Elle a longtemps caracolé en tête des intentions de vote, mais elle semble marquer le pas depuis quelques semaines. Et surtout elle plafonne à 22, 23, 24 %... C’est un peu curieux car le FN a atteint plus de 25% dans toutes les élections. Et puis les sondeurs estiment que l’abstention est à un haut niveau. Ce qui favorise traditionnellement l’extrême droite.

Alors est ce que Marine Le Pen va dépasser ce plafond de verre ? Pas certain. Car même si elle tente d’appliquer la stratégie de la dédiabolisation. Elle a quand même fait une campagne d’extrême-droite, pour les électeurs d’extrême-droite. Ce qui veut dire que tous les autres restent encore et toujours effrayés par son personnage et son projet.

  • EMMANUEL MACRON

Le favori fragile aux pieds d’argile. Ce qui a fait sa force dans cette campagne, sa nouveauté, son audace, sa capacité à incarner le renouvellement et surtout sa stratégie attrape-tout, tout ceci semble se retourner un peu contre lui dans la dernière ligne droite.

Certes il reste dans le duo de tête. Mais l’écart avec ses poursuivants se resserre. A l’approche du vote, les gens se demandent vraiment de quoi Macron est le nom. Ils hésitent à lui signer une sorte de chèque en blanc. A lui de trouver quelque chose dans la dernière semaine pour les rassurer. Et faire le break.

  • JEAN-LUC MELENCHON

Le grand spectacle. Il nous a tout joué à la fois. La longue marche. Il était une fois la révolution. Et même Star Wars avec ses hologrammes. Alors il ne nous a pas encore fait la prise du Palais d’Hiver. Mais si l’on en croit les sondages, lui aussi à ses chances de qualification au deuxième tour.

Mélenchon, il a été Incontestablement le plus marquant, le plus tranchant dans cette campagne. Le meilleur aussi lors des débats télévisés. Mais il n’est pas sûr que cette campagne plutôt réussie réussisse à faire oublier son programme pour le moins irréaliste

  • PHILIPPE POUTOU

Il a été l’homme des débats. Avec son style vestimentaire décontracté. Et surtout ses punchlines. La phrase de ces confrontations télévisées, c’est lui, avec sa fameuse sortie sur "l’immunité ouvrière" quand il a attaqué Marine Le Pen sur son immunité parlementaire. Dans un autre style, il s’est aussi payé l’animateur Laurent Ruquier qui l’avait un peu mal traité.  Bref, le petit candidat qui a fait le plus de bruit, c’est lui.