Présidentielle : la crainte de rumeurs dans la dernière ligne droite

Emmanuel Macron a pris l'habitude de devancer la rumeur pour la contrer.
Emmanuel Macron a pris l'habitude de devancer la rumeur pour la contrer. © JEFF PACHOUD / AFP
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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Les candidats ont peur des rumeurs qui pourraient resurgir en cette fin de campagne présidentielle, la rumeur qui s’emballe et que l’on ne maîtrise plus. Emmanuel Macron en est à la fois la cible et le révélateur.

"Vous allez entendre dire que j’ai un compte caché dans un paradis fiscal, vous allez l’entendre mais c’est totalement faux". Voilà l’annonce d’Emmanuel Macron à propos des fameux millions prétendument cachés de l’ancien banquier. C’est la deuxième fois qu’Emmanuel Macron utilise cette technique de communication politique qui consiste à rendre publique une rumeur qui le concerne, à la devancer pour la contrer. En février, il avait démenti l’existence d’une relation homosexuelle que la rumeur lui prêtait avec un patron de média

Les militants pour riposter. Et en cette fin de campagne, un autre candidat redoute que des rumeurs viennent abîmer son image, c’est Jean-Luc Mélenchon mis en cause pour ses sympathies avec le régime vénézuélien. Il appelle ses troupes à riposter sur les réseaux sociaux si d’autres "fables", comme il dit, visent à dénigrer sa candidature.

Un gigantesque bouche-à-oreille. La rumeur, c’est un classique de la vie politique, on se souvient de l’affaire Markovic contre les Pompidou, par exemple, en 1968. La rumeur, c’est le plus vieux média du monde. Mais qu’est-ce qui a changé en 2017 pour que la rumeur soit révélée alors qu’elle en est au stade embryonnaire ? L’influence des réseaux sociaux. On est passé du ragot du village à une déferlante qui, en quelques heures, se diffuse comme un gigantesque bouche-à-oreille et qui devient incontrôlable. La boule puante devient une bombe puante.

Le poids des réseaux sociaux. À quelques jours du premier tour, les candidats ont peur des égouts du web parce qu’à la différence de 2007 ou 2012, la résonance des réseaux sociaux pèse désormais dans la campagne électorale. 48 heures avant la primaire de la droite, les caricatures et rumeurs sur "Ali Juppé", l’ami des islamistes, déferlent sur le net. Plus éloquent : la puissance de Donald Trump sur la toile, épaulés par des sites puissants pratiquant la désinformation. L’élection américaine est la première qui a été à ce point impactée par les réseaux sociaux, et les prétendants à l’Elysée en France l’ont parfaitement intégré.