Présidentielle : au fait, pourquoi faut-il 500 parrainages ?

Cette année, les parrainages seront rendus publics par le Conseil constitutionnel.
Cette année, les parrainages seront rendus publics par le Conseil constitutionnel. © AFP
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Romain David , modifié à
Depuis la mise en place du suffrage universel, les postulants à l’élection présidentielle sont tenus de réunir un certain nombre de signatures d’élus. Europe 1 vous explique pourquoi.
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Tous n’y arriveront pas. Les prétendants à la succession de François Hollande ont jusqu’au 17 mars, à 18 heures, pour réunir 500 signatures d’élus, un passeport indispensable pour pouvoir officiellement candidater à la présidence de la République. Mais cette année, les règles du jeu ne sont plus tout à fait les mêmes que lors des précédentes présidentielles. Europe 1 fait le point :

À quoi servent les parrainages ?

La mise en place du suffrage universel en 1962, appliqué pour la première fois en 1965, s’est aussi accompagnée d’une autre mesure, qui devait permettre une pré-sélection des candidatures pour en limiter le nombre. En effet, pour postuler à l’Elysée, chaque candidat avait l’obligation de fournir "100 présentations de citoyens", selon la formule officielle. En vérité, des parrainages d’élus : parlementaires, conseillers généraux ou maires, répartis dans au moins dix départements ou territoires d’outre-mer différents.

Pourquoi en faut-il 500 ?

Néanmoins, le nombre grandissant de postulants à l’élection présidentielle entre 1965 (6 candidats) et 1974 (12 candidats) a poussé le gouvernement à une première réforme en 1976. À partir de l’élection de 1981, les candidats devaient donc présenter au moins 500 parrainages issus d’au moins 30 départements et TOM différents, sans qu’aucun de ces territoires n’ait fourni plus de 50 signatures par prétendant. "Le législateur a estimé que 500 était un chiffre à la fois suffisant pour permettre aux principales formations politiques, représentées à l’échelle du pays, d’avoir un candidat, tout en évitant les candidatures trop fantaisistes", explique Pascal Jan, professeur de Droit constitutionnel à Science Po Bordeaux. "La règle des trente départements, avec un plafonnement sur le nombre de signatures, évite quant à elle les candidatures purement régionales".

Une réforme qui, en 1981, fut fatale au Front national de Jean-Marie Le Pen, alors incapable de réunir 500 signatures. Pourtant, ce plafond n’a pas empêché de voir 16 candidats se placer sur la ligne de départ en 2002. Cinq ans plus tard, ils étaient encore 12, comme en 1974.

 

Qui sont les élus susceptibles de pouvoir parrainer un candidat ?

Avec les différentes réformes législatives, les candidats peuvent désormais s’adresser à 20 types de parrains différents. Outre les parlementaires (députés, sénateurs et eurodéputés français), les conseillers régionaux ou les maires, les présidents de communauté d’agglomération et de commune, les élus d’outre-mer et de l’Assemblée des Français de l’étranger sont également habilités à accorder des parrainages. En 2012, les candidats pouvaient envoyer leur demande à 47.413 parrains possibles, relève le site du Conseil constitutionnel.

Qu’est ce qui a changé en 2017 ?

La loi du 25 avril 2016 a mis fin à l’anonymat des parrainages, qui a prévalu pendant plus de 50 ans. Désormais, les noms des élus ayant parrainé un candidat doivent être rendus publics par le Conseil constitutionnel. Pour ce faire, les élus devront désormais faire parvenir directement leur formulaire de parrainage aux Sages de la rue de Montpensier, et non plus aux candidats. Le Conseil constitutionnel mettra à jour deux fois par semaine sur son site internet, le mardi et le vendredi, la liste de chaque candidat. Les premiers parrainages pourront être adressés à partir du 25 février.

Qu’apporte la dernière réforme ?

Plus de transparence. Avant 2017, les parrainages étaient anonymes, les sages du Conseil constitutionnel ne publiant qu’une liste de 500 noms, tirés au sort parmi l’ensemble des candidatures déposées. Pour Pascal Jan, cette réforme met fin à "l’inégalité du tirage au sort" : "La fin de l’anonymat met sur un pied d’égalité tous les candidats et engage la responsabilité d’un maire dont l’activité politique doit être transparente vis-à-vis de ses administrés".