Présidentielle 2017 : Mélenchon à contre-courant

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Margaux Baralon , modifié à
Contrairement à beaucoup d'autres, le candidat déclaré à la présidentielle de 2017 refuse de faire de la sécurité et de l'identité des thèmes de campagne privilégiés.

Il est candidat depuis le 10 février dernier. S'est lancé en solitaire, sans parti ni mouvement. Mais être seul ne fait pas peur à Jean-Luc Mélenchon. Au contraire, le cofondateur du Parti de gauche, qui s'apprête à faire sa rentrée politique dimanche, aime penser que cela lui permet de marquer sa différence. Dans une interview au Monde, publiée mercredi, il prend le contre-pied de tous ceux qui, de Nicolas Sarkozy à Manuel Valls, en passant par toutes les personnalités politiques candidates à la primaire de la droite, font de l'identité et de la sécurité des thèmes  de débat privilégiés.

Des "thèmes morbides" développés à droite. "Les attentats de l'été et les délires sécuritaires auxquels ils ont donné lieu ont à nouveau déplacé le centre de gravité vers des thèmes morbides desquels rien de positif ne peut venir", estime le candidat à la présidentielle. "La droite va vouloir charger le bulletin de vote de communautarisme, d'ethnicisme, de questions religieuses." Selon lui, la polémique autour du burkini est l'exemple le plus parlant de cette volonté d'imprimer aux débats une tonalité identitaire.

" Les attentats de l'été et les délires sécuritaires auxquels ils ont donné lieu ont à nouveau déplacé le centre de gravité vers des thèmes morbides. "

Remettre les questions sociales au centre. Jean-Luc Mélenchon regrette le printemps dernier, lorsque "la bataille contre la loi El Khomri" avait permis de construire "un nouvel espace politique autour des questions sociales". Et ne cache pas son désir de faire de ces thèmes économiques et sociaux les piliers de sa campagne. "Pour moi, les privilèges de l'argent sont la cause de tous nos maux", précise-t-il au Monde. "De l'écosystème à la démocratie, l'argent détruit tout ! Voilà ce qu'il faut régler."

La "bonne nouvelle" des candidatures à gauche. Difficile, néanmoins, de se faire entendre sur ces sujets-là lorsque l'attention est focalisée sur le port du burkini sur les plages méditerranéennes ou le risque terroriste. Pour Jean-Luc Mélenchon, le soutien viendra…des autres candidatures à la gauche du PS, dont il "se réjouit plutôt". "Quand surgissent les candidatures d'Hamon, Montebourg, Duflot, Lienemann et Filoche, cela élargit l'espace pour d'autres thèmes", estime le cofondateur du Parti de gauche. "Quand vous en avez trois sur quatre qui parlent, comme moi, de VIe République, de sortir des traités européens, de transition écologique, ça améliore la crédibilité et l'écoute de mon programme." Une analyse déjà faite par le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, qui a vu dans la "mélenchonisation du discours d'Arnaud Montebourg" une "bonne nouvelle".

Montebourg et Hamon "travaillent pour moi". Jean-Luc Mélenchon se félicite d'autant plus chaudement des candidatures d'autres personnalités à la gauche de la gauche qu'il n'y voit pas le risque d'une concurrence. "Ils travaillent pour moi", affirme même le candidat à la présidentielle au Monde après un rapide calcul. Selon lui, soit ces candidats participent à la primaire à gauche, et perdront donc face à un François Hollande probablement candidat. C'est le cas de Gérard Filoche, Marie-Noëlle Lienemann et Benoît Hamon.

Soit ils se présentent directement à la présidentielle. C'est peut-être ce que fera Arnaud Montebourg, qui n'a pas encore choisi s'il participerait ou non à la primaire, et ce sera assurément la voie empruntée par le candidat désigné à la primaire écologiste. Dans ce cas, "il[s] explose[nt] le PS, affaibli[ssent] Hollande et le centre droit", anticipe Jean-Luc Mélenchon. "J'y gagne dans tous les cas", assure celui qui voit dans sa candidature sans parti ni primaire un gage donné aux électeurs. "Je suis le bulletin de vote stable et sûr."

Le cofondateur du Parti de gauche espère également pouvoir compter sur le soutien du Parti communiste, avec lequel les relations sont ombrageuses depuis qu'il s'est lancé dans la campagne présidentielle sans même prendre la peine de prévenir la direction. "Beaucoup [de communistes] sont déjà là", souligne Jean-Luc Mélenchon. "Ils sont tous les bienvenus."